La commercialisation du gaz de pétrole liquéfié (Gpl) dans la ville de Bertoua, chef-lieu de la région de l’Est, est désormais dans l’informel, avec la montée en force du phénomène du siphonage des bouteilles de gaz et le non respect du prix de vente. Selon une enquête de terrain auprès des consommateurs, il existe dans ce secteur d’activité de nombreux problèmes.

« J’ai deux bouteilles de gaz qui sont de différentes marques. Une est de total et l’autre d’Afrigaz, les deux pèsent 12 kg et coûtent respectivement 7500 FCfa quand elles sont remplies de gaz», explique un commerçant de la ville, qui renchérit en disant que « le prix de ces bouteilles est le même dans toute la ville ». De son côté, une ménagère dans la même localité soutient que pour sa bouteille de 6kg, elle paye la somme de 3450 F Cfa à chaque achat. Tous ces prix cités plus haut sont en contradiction avec les recommandations de la réunion de concertation entre les responsables de la délégation régionale du ministère du Commerce de l’Est et les distributeurs de gaz domestique dans la ville de Bertoua.

En effet, au cours de cette rencontre tenue le 29 juin 2015, Léopold Essola Ava, le délégué régional, avait exhorté les uns et les autres à respecter scrupuleusement le prix du gaz domestique, conformément à une grille tarifaire qui avait été distribuée et portée à la connaissance de tous. Selon cette grille, la bouteille de gaz de 6 kg coûte 3120 F Cfa au lieu de 3450 F Cfa. Calcul fait, cette ménagère comme la plupart des consommateurs de la ville de Bertoua, voire toute la région, est spoliée de la somme de 330 Frs. Dans la même lancée, la bouteille de gaz de 12,5 kg coûte la somme de 6500 F Cfa dans la grille rendue publique par la délégation du Commerce.

Or, elle est vendue sur le marché à 7500 Frs, soit avec 1000 Frs de plus. D’autres variétés de bouteilles, généralement moins utilisées comme les 15 kg et 18 kg coûtent respectivement 7800 F Cfa et 9360 F Cfa dans la grille. Même si une descente dans les centres de distribution permet de constater que les différents prix affichés respectent cette grille, force est de constater que les consommateurs continuent à payer des prix supérieurs. De toute évidence, il semble que les consommateurs sont ignorants des prix édictés par la grille tarifaire recommandée par la délégation régionale du commerce de l’Est. Il est évident que si les prix ne sont pas respectés dans la ville de Bertoua, cette violation sera plus accrue dans les villes secondaires de l’Est, ravitaillées à partir de Bertoua.

Notons qu’en dehors de cette supercherie sur le prix, la distribution du gaz domestique à l’Est souffre d’un autre fléau. Il s’agit des entrepôts à gaz non conformes. Selon une enquête menée il y a quelques mois, ces entrepôts sont construits en marge de la réglementation qui définit les normes de construction des entrepôts de gaz liquéfiés ou sous pression classés Cs2.

« Lors de nos contrôles, nous nous rendons bien compte que l’activité de distribution du gaz domestique n’est pas réalisée dans les normes, par exemple, les bouteilles de certaines compagnies présentent des couvercles protecteurs pas toujours sécurisés», avait affirmé un chef de service à la délégation régionale du ministère du Commerce à Bertoua.

En fait selon ce responsable, à Bertoua, en dehors des grandes compagnies de distribution des produits pétroliers qui présentent une certaine conformité à la règlementation en matière d’entreposage des produits dangereux, les distributeurs dits « revendeurs » entreposent et distribuent le gaz domestique dans des conditions hautement dangereuses pour la sécurité des biens et des personnes.

Ceci parce que, selon toute vraisemblance, l’activité de vente du gaz domestique, manifestement très rentable, attire beaucoup de petits investisseurs. Cependant, la brigade de contrôle à la délégation régionale du Commerce de l’Est, sous l’égide de son chef, M. Aboubakary, est sur le terrain pour contrôler et réprimer les fraudes sur les marchés de l’Est.