Un rapport de l’institution internationale montre que les «dépenses publiques» du Cameroun sont en inadéquation avec son ambition d’être émergent à l’horizon 2035.
C’est un rapport peu reluisant que la Banque mondiale (Bm) vient de commettre sur le Cameroun. Il est intitulé «revue des dépenses publiques». D’entame, la Banque mondiale note qu’en février 2009, la République du Cameroun a adopté un ambi- tieux programme de développement économique et de réduction de la pau- vreté intitulé « Vision 2035».
C’est aussi à cet horizon que le pays a l’ambition d’être émergent en engageant, entre autres, des travaux structurants (ports, autoroutes, barrages, etc.) pour booster la croissance. Seulement, indique la Bm, pour mettre en œuvre la Vision 2035, le gouvernement camerounais a considérablement accru ses dépenses au cours de la dernière décennie (de 15 à 20% entre 2006 et 2017), alors que ses revenus baissaient (de 20% à moins de 15% en 2017).
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«Bien que conforme aux objectifs de la vision 2035, cette forte hausse des dé- penses publiques a détérioré la situation budgétaire de l’Etat», relève la Banque mondiale. Bien plus, indique- t-elle, la composition fonctionnelle du budget révèle qu’une part disproportionnée du budget (plus de 35%) est allouée aux frais généraux de l’Etat aux dépens des sec- teurs prioritaires (infrastruc- tures, social,
investissements publics...), du Document pour la stratégie, la croissance et l’emploi (Dsce). Par ailleurs, note la Banque mondiale, la décomposition du budget du Came- roun par nature économique révèle que la moitié des dé- penses en biens et services, est constituée de frais de représentation, de mission, de réception et des services extérieurs.
Dans la même veine, l’inefficacité du système de gestion des investissements publics a entraîné des retards consi- dérables dans la livraison des grands projets structurants du Dsce, et contribue aussi à la faible qualité globale des infrastructures. Il y a également un rallongement des délais d’exécution de tous ces grands projets passant de 3 à 4 ans initialement prévus. Les coûts de ces projets sont largement au-dessus de 2 à 6 fois, comparés aux projets similaires dans les autres pays de ce niveau de développement similaire. Le gouvernement camerounais est invité par la Banque mondiale à prendre des me- sures pour améliorer la disci- pline financière d’ensemble mais, la situation financière reste cependant vulnérable et nécessite des efforts supplémentaires.
La Banque suggère l’élargis- sement de l’assiette fiscale et une réduction significative des dépenses fiscales. La Bm conseille «la réorientation d’une grande partie des dé- penses de l’administration générale et financière, en particulier les frais de repré- sentation, de mission, de cé- rémonies, de carburant, de voyages et de services exté- rieurs afin de générer des économies budgétaires subs- tantielles». L'institution conclut: «L’atteinte des objectifs à long terme de la Vi- sion 2035, nécessite donc une réévaluation de l’efficacité globale des dépenses publiques par les autorités camerounaises».