L'ONG Greenpeace a dénoncé jeudi la vente sur les marchés internationaux de "bois volé" dans les forêts camerounaises, mettant en cause le principal exportateur de grumes de bois du Cameroun et ses fournisseurs.
Dans un communiqué, l'ONG appelle les pays de l'Union européenne à considérer comme étant à "haut risque" le bois provenant du Cameroun.
"Une enquête de Greenpeace Afrique sur les opérations d'exploitation forestière illégale au Cameroun a permis de découvrir une piste de bois volé menant jusqu’au principal exportateur de grumes au Cameroun, la Compagnie de Commerce et de Transport (CCT)", affirme le document.
L'enquête, menée d'octobre 2014 à janvier 2016, montre comment la CCT, entreprise camerounaise "qui distribue du bois à des sociétés dans le monde entier, y compris en Chine et en Europe, s'approvisionne auprès de la Socamba, une entreprise (locale aussi, ndlr) engagée dans des pratiques illégales et destructrices", ajoute l'ONG.
La Socamba, principal fournisseur de la CCT ces deux dernières années, coupe du bois "à plusieurs kilomètres en-dehors de sa concession d'exploitation forestière", d'après Greenpeace. Une pratique courante, bien qu'illégale au Cameroun, qui est régulièrement dénoncée par les ONG locales.
L'enquête de Greenpeace ne précise pas les volumes de bois "volé", mais les pratiques jugées "illégales" de la Socamba ont couvert une période de "plus d'un an" dans les zones visitées par l'ONG.
Greenpeace affirme avoir aussi enquêté en juillet 2014 et mars 2015 en Chine, où a été découvert "la présence d’un nombre impressionnant de grumes de la CCT dans le port de Zhangjiagang, province de Jiangsu", portant le marquage de la Socamba.
"Du bois scié de la CCT est également exporté vers l’Union européenne et sa présence est avérée sur des sites de négociants en Belgique (premier importateur de bois du Cameroun en Europe, ndlr), aux Pays-Bas et en Espagne", selon le communiqué.
Citée par Greenpeace, la CCT a réagi en indiquant que le ministère camerounais des Forêts et de la Faune avait "commandité un audit" sur ses activités et celles de ses fournisseurs.
"Le rapport attendu établira la responsabilités des uns et des autres dans des éventuelles activités illégales en même temps qu'il tracera éventuellement les bois qui en sont issus", a assuré la CCT.
En septembre 2015, Greenpeace avait déjà accusé trois autres fournisseurs camerounais de cette compagnie d'être impliqués dans des coupes illégales de bois.
Le ministre des Forêts, Philip Ngole Ngwese avait pris la défense des sociétés indexées, qualifiant les allégations de Greenpeace de "contre-vérités".