Les mesures adoptées par le gouvernement et les acteurs du secteur privé ne sont pas toujours suivies d’effets.
Seules 120 recommandations du Cameroon business forum sur plus de 250 formulées depuis 2009 sont mises en oeuvre.
Les opérateurs économiques qui ont suivi le Premier ministre le 16 mars dernier à l’hôtel Sawa de Douala ont retenu cette phrase : «Mais à quoi servirait la mise en place des réformes si elles doivent buter contre les écueils lors de leur application ?»
Cette interrogation a fait sourire plus d’un participant à la 7ème session du Cameroon business forum (CBF). Philemon Yang se pose là une question que se posent justement de nombreux acteurs du secteur privé qui ne comprennent pas qu’une fois les réformes adoptées, leur mise en application traîne.
Alain Blaise Batongué, secrétaire exécutif du Gicam en était encore à déplorer la lenteur observée dans l’application des réformes vendredi 18 mars au cours de «la matinée de l’information», une émission de la Crtv radio.
«Quand vous êtes à une réunion du comité de suivi de ces réformes et que le représentant du gouvernement vous dit que tel dossier ou telle loi a été préparée et acheminée à la hiérarchie pour approbation, que pouvezvous bien dire ? Il ne vous reste plus qu’à attendre et voir ce que ça va donner », s’estil plaint.
Le Cameroon business forum est la plateforme de concertation indiquée pour le gouvernement et les opérateurs économiques pour discuter de l’amélioration du climat des affaires et de l’appui au développement du secteur privé.
La 7ème session, sous le thème «Pour une meilleure perception du climat des affaires au Cameroun » a surtout permis de voir que depuis 2009, année de l’opérationnalisation du CBF (créé en 2006), les sessions se suivent et se ressemblent presque.
Les deux parties s’accordent sur un ensemble de mesures à prendre et se séparent pour se retrouver un an plus tard, sans que concrètement, les opérateurs économiques perçoivent le changement attendu dans l’environnement des affaires. Sur plus de 250 recommandations adoptées durant les six dernières sessions, à peine 120 sont mises en oeuvre.
Dans le rapport d’activités du premier trimestre 2015, qu’il adresse au Premier ministre le 13 juillet 2015 par exemple, Olivier Noel Nour attire l’attention du chef du gouvernement sur les lenteurs dans la mise en oeuvre des réformes. Le représentant régional Afrique centrale de la Société financière internationale du groupe de la Banque mondiale, partenaire des pouvoirs publics dans le CBF, relève qu’aucune des douze réformes «bien que techniquement prêtes », identifiées dans le cadre du Rapport Doing business 2015 n’était finalisée «à la date butoir du 31 mai 2015».
Evoquant les réformes adoptées à la session du CBF de 2014, Olivier Noel Nour écrit : «… au regard du niveau de réalisation à miparcours (55%), en dépit d’une réduction drastique du nombre de recommandations, le rythme d’implémentation des réformes reste encore largement en deçà des attentes et surtout du potentiel économique camerounais. Dans cette optique, il serait difficile d’envisager des résultats probants pour le classement du Cameroun dans le rapport Doing Business cette année ».
Ses prédictions seront avérées plus tard. Le classement 2016 de ce rapport de la Banque mondiale sur le climat des affaires place le Cameroun au 172ème rang sur189 pays ? quatre places en deçà de sa position en 2014 où il était 168ème. Les raisons de cette mauvaise performance se situent entre autres dans l’accès à l’électricité, la protection des investisseurs, la création des entreprises ou encore le commerce transfrontalier.
Toutes choses qui auraient pu être différentes si la mise en oeuvre des lois, règlements et autres recommandations du CBF se faisait à un rythme accéléré.