La Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), l'institution qui fait office de Banque centrale pour l'ensemble des pays membres de la CEMAC, devrait mettre un terme à sa politique monétaire accommodante et augmenter de 55 points de base, son principal taux directeur, pour le porter à 3%, afin de limiter les effets de l'inflation en hausse dans la sous-région, apprend-on de Bloomberg qui cite la firme d'analyse BMI Research.
Selon la firme d'analyse, des hausses de prix des produits alimentaires et du carburant dans les trois économies les plus importantes de la région (Cameroun, Congo Brazzaville et Gabon) devraient porter la moyenne d'inflation de 2,3% en 2016, à 2,8% en 2017. Par ailleurs un rythme soutenu des politiques d'investissement au Gabon et au Cameroun va porter la croissance moyenne à 4,2%.
Certains responsables de banques opérant au Cameroun ont indiqué que cette hausse des taux directeur était en droite ligne avec la tendance du marché. « La forte sollicitation des gouvernements sur le marché local des obligations, afin de financer leurs exercices fiscaux avec des taux moyens de 5%, a eu pour conséquence d'accroître les attentes de rendement de leurs placements par les épargnant. Les besoins de refinancement exprimés par les banques risquent dans ce contexte de s'accroître », a expliqué l'un deux à l’Agence Ecofin.
Par ailleurs, le Fonds Monétaire International dans son rapport sur l'économie de la sous-région publié en juin 2016, attirait déjà l'attention sur la forte exposition des banques de la CEMAC aux emprunts des gouvernements et des structures parapubliques. Cela a eu comme conséquences une hausse de l'encours des créances non remboursées et une hausse des coûts du risque.
L'adoption d'une politique accommodante avait été mise sur pied sous l'ère de l'ancien gouverneur Lucas Abaga Nchama, qui souhaitait voir la banque centrale occuper une place de choix dans la facilitation du financement des économies sous régionales. Mais l'asymétrie des informations entre le secteur bancaire et l'économie réelle, couplé à un objectif de recherche du maintien de la stabilité monétaire ont constitué deux entraves majeures à la transmission de cette politique monétaire, selon certaines analyses.