Le forum économique Cameroun-Chine prévu en marge de la visite officielle qu’effectue le président Paul Biya dès ce jour en Chine n’aura certes plus lieu. Mais, cela ne fait aucun doute, le volet économique reste l’un des points culminants de cette visite d’Etat. Ce d’autant plus que la Chine se présente aujourd’hui non seulement comme le premier partenaire commercial du Cameroun, mais surtout son plus grand prêteur.
Sur un encours de la dette publique et à garantie publique évalué par la Caisse autonome d’amortissement (CAA), à 5 464 milliards de FCFA au 30 juin 2017, environ 1 335,5 milliards de FCFA viennent de la Chine. Un volume de dette qui fait dire à certains que le Cameroun serait trop endetté vis-à-vis de la Chine. Une critique que la partie chinoise semble ne pas du tout partager.
Evoquant ce sujet lors d’une audience au palais de l’Unité avec le président de la République le 12 mars 2017, l’ambassadeur de Chine au Cameroun, Wei Wenhua, précisait fort à propos que «la Chine n’accorde de prêts qu’aux projets qui devraient avoir de bonnes rentabilités économiques et sociales. Un rapport d’études de faisabilité bien élaboré est obligatoire avant la demande de prêt et le fonctionnement autonome et durable après la construction est exigé ».
Mais, comme le font souvent remarquer les institutions de Bretton Woods, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, le problème que pose l’endettement du Cameroun dans l’ensemble, n’est pas surtout son encours qui se situait en juin 2017 à 30,6% du Produit intérieur brut (PIB), alors que la norme prudentielle Cemac fixe le seuil limite de cet endettement à 70% du PIB. Mais, c’est beaucoup plus le rythme de cet endettement qui s’est considérablement accéléré ces dernières années et surtout le montant jugé exorbitant des soldes engagés et non décaissés (SEND’S).
Au mois de mars 2017, la CAA évaluait ces SEND’S à 5 000 milliards de FCFA sur une dette globale de 5 464 milliards de FCFA. Cette accumulation des SEND’S est assez souvent justifiée par les pouvoirs publics comme émanant de la non maturité d’un certain nombre de projets engagés au Cameroun. Mais, dans l’ensemble les projets à financements chinois semblent ne pas être trop impactés par cette situation. C’est le cas d’un certain nombre de grands projets d’infrastructures qui sont soit achevés, soit en cours d’achèvement.
Notamment, le port en eau profonde de Kribi dont la première phase est achevée, de même que les barrages hydroélectriques de Lom Pangar, Memve’ele et Mekin. La Chine a également financé les travaux de pose de la fibre optique au Cameroun, tout comme les travaux de construction en cours des autoroutes Yaoundé-Douala, Yaoundé-Nsimalen et Kribi-Lolabé. Entre autres grands projets à financements chinois en cours de réalisation au Cameroun, on peut citer le Projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et de ses environs à partir du fleuve Sanaga (PAEPYS).
Ce projet est financé par Eximbank China et réalisé par l’entreprise Sinomach. Conçu pour produire 300 000 m3 d’eau par jour, extensible à 400 000 m3/j, sa réalisation va permettre de résoudre le problème de l’insuffisance de l’approvisionnement en eau potable dans la capitale du Cameroun, les besoins actuels de cette agglomération étant estimés à 250 000 m3/j. Son coût est estimé à 399 milliards de FCFA, cofinancé par la République populaire de Chine (85%) et la République du Cameroun (15%).