La Société sucrière du Cameroun (Sosucam) dresse un premier bilan des dégâts causés par le récent mouvement social qui a secoué ses sites de production. Lors d'une conférence de presse tenue hier à Yaoundé, Jean-François Ntsama Etoundi, directeur général adjoint de l'entreprise, a révélé que les pertes s'élèvent à environ 5 milliards de FCFA.
Les violences qui ont émaillé la grève des coupeurs de canne à sucre ont entraîné la destruction de 970 hectares de plantations sur les sites de Mbandjock et Nkoteng. "Nous estimons la perte à environ 50 000 tonnes de canne à sucre", a précisé le DGA, ajoutant que ces chiffres pourraient être révisés à la hausse une fois la campagne sucrière achevée à la mi-mai.
L'impact sur la production de sucre premium, destiné principalement à l'industrie brassicole, est également considérable. "Nous avons perdu entre 5 000 et 6 000 tonnes de ce produit stratégique", a indiqué M. Ntsama Etoundi. Toutefois, l'entreprise se veut rassurante quant à l'approvisionnement du marché. Avec des stocks actuels de 30 000 tonnes, la Sosucam affirme pouvoir répondre aux besoins des consommateurs, notamment pendant la période du Ramadan.
Pour maintenir sa capacité de production, l'entreprise a lancé une campagne de recrutement visant à embaucher 600 nouveaux ouvriers agricoles. Cette mesure fait suite au départ de nombreux travailleurs pendant le mouvement social qui a duré près de deux semaines.
Cette crise intervient dans un contexte déjà tendu pour la Sosucam, qui peine à satisfaire une demande nationale estimée à 300 000 tonnes par an. Leader du marché sucrier camerounais, l'entreprise, détenue à 74% par des capitaux français et à 26% par l'État du Cameroun, emploie environ 8 000 personnes et verse une masse salariale annuelle de 14 milliards de FCFA.
Les événements récents soulèvent des questions sur l'avenir de la filière sucrière au Cameroun et la capacité de l'entreprise à maintenir sa position dominante sur le marché, alors que le pays doit régulièrement recourir aux importations pour combler son déficit de production.