Les fonds transférés par les membres de la diaspora camerounaise vers leur pays d’origine ont culminé à 1,2 milliard de dollars US en 2015, soit près de 585 milliards de francs Cfa, a annoncé la société britannique WorldRemit. Le leader mondial du transfert d’argent digital précise dans son communiqué qu’il tient cette statistique de la Banque mondiale.
Calculette en main, ce chiffre représente environ 33% du budget d’investissement public (BIP) du pays pour l’année 2016 (1500 milliards FCfa), plus de 60% des financements nécessaires pour l’implémentation du plan d’urgence triennal du gouvernement camerounais (900 milliards de FCfa), ou près de 120% des financements recherchés pour la construction du barrage de Natchigal (400 milliards de FCfa), d’une capacité de 400 MW, en gestation au Cameroun.
Sur une période de 2 ans, ces transferts de la diaspora camerounaise ont plus que doublé, puisqu’ils étaient de seulement 218,7 milliards de francs Cfa en 2013, contre 181 milliards de francs Cfa en 2009, selon les statistiques de la Division de la balance des paiements du ministère des Finances.
A en croire cette dernière source, jusqu’en 2013, la zone CEMAC était le principal point de départ de ces transferts de la diaspora camerounaise, avec 38% des envois enregistrés cette année-là, contre 27% pour la France, 15% pour les Etats-Unis et 20% pour le reste du monde. Ces fonds, apprend-on, servent majoritairement à assouvir les besoins élémentaires des familles restées au pays.
«Ces transferts d’argent depuis l’étranger jouent un rôle prépondérant pour l’économie du Cameroun», souligne WorldRemit, qui vient de lancer son service de transfert d’argent digital dans le pays, grâce à un partenariat avec la filiale camerounaise du groupe bancaire ivoirien Banque Atlantique.
Ce dynamisme observé sur le segment du transfert d’argent par la diaspora camerounaise, laquelle compte en son sein 40% de la main d’œuvre hautement qualifié du pays, selon des sources autorisées ; justifie l’intérêt croissant des opérateurs du transfert d’argent pour le Cameroun.
En effet, à côté des nouveaux arrivants sur ce marché que sont WorldRemit et Afrimarket (transferts cash to goods), les mastodontes tels que MoneyGram et Western Union se livrent une concurrence farouche sur le marché camerounais depuis quelques années.
Mais à côté d’eux, il faut désormais compter l’opérateur local Express Union, leader du transfert domestique, qui a étendu son réseau à l’Afrique de l’Ouest et à la zone Cemac, espace communautaire duquel part environ 38% des transferts d’argent de la diaspora camerounaise.
Selon l’ONG internationale PlaNet Finance, les volumes de transferts d’argent effectués par l’ensemble de la diaspora africaine pourraient être plus élevés que leur niveau actuel, si les coûts des transactions diminuaient.
Aussi, cette ONG a-t-elle lancé, en octobre 2013, l’Initiative d’amélioration des transferts d’argent des migrants vers l’Afrique, avec le concours de l’Union postale universelle (UPU), sur financement de l’Union européenne.
Cette initiative d’une durée de 36 mois, apprend-on, vise à rendre moins chers les transferts d’argent de la diaspora africaine, lorsqu’ils sont effectués via le réseau des services postaux publics. L’ambition, au terme du projet, apprend-on, est de réduire ces coûts de 30% et, par conséquent, multiplier les volumes de ces transferts.