Le calme et la sérénité revenus dans l’entreprise au lendemain de la levée de la grève, viennent d’être battus en brèche par la mutation des ténors du mouvement syndical. Une décision qui rend le management du bras séculier de l’État problématique, dans un contexte où la fiabilité des ouvrages alimente la polémique.
Le Cameroun renvoi au des moments, l’image d’un volcan endormi. Il ne se passe de jour, sans que l’on ne signale une catastrophe, un scandale ou un foyer de tension. On connaissait la guerre du Noso, la nébuleuse terroriste bokoharam, les incursions des bandes armées dans la région de l’Est, l’insécurité dans les villes ou les accidents de circulation. Désormais, les règlements de comptes dans les lieux de service sont susceptibles de créer un malaise social de forte amplitude. Le Laboratoire national de génie civil semble s’inscrire dans cette logique, si l’on s’en tient aux récentes affectations des personnels récemment opérées dans les agences de Douala, Garoua et Limbe. Seize cadres et agents de maîtrise ont été par exemple redéployés à Garoua dans une antenne étroite réduite et sans activité. Les employés du Labogenie passent la journée sous un manguier à se tourner les pouces, faute de bureau. Une véritable humiliation pour les chefs de familles, qui attendaient le paiement de leurs arriérés de salaires à l’effet de faire face à la rentrée. Depuis la reprise de service des grévistes, aucune résolution convenues d’accord parties n’a été respectée. Le DG Jean Moufo n’en fait qu’à sa tête. Le Mintp et le PCA seraient d’ailleurs très remontés contre ses décisions. Pourtant, les problèmes soulevés par les syndicalistes visaient à revitaliser l’entreprise, victime de la concurrence des bureaux d’études privés, lesquels réalisent déjà l’exploit de surclasser le Labogenie en matière de marchés publics. La conséquence immédiate est la piètre qualité des ouvrages, comme récemment l’effondrement d’un pan de la route Douala-Bonepoupa. Plusieurs routes et bâtiments publics présentent souvent des fissures avant livraison à cause du travail approximatif des prestataires, préoccupés par les gains après la saignée financière dans la chaîne de corruption devant aboutir au paiement. Il est inadmissible qu’une société rende oisifs ses employés qui ont contribué à asseoir sa notoriété. Les différentes instances de négociation ayant siégé pour la sortie, ont reconnu le droit syndical des employés qui militaient en faveur de la bonne santé de l’entreprise. Au lieu de s’atteler à résoudre les problèmes soulevés, le DG s’acharne plutôt sur les tireurs de la sonnette d’alarme. La haute hiérarchie est vivement interpellée pour remettre de l’ordre dans cette entreprise, au cœur de l’émergence du Cameroun. Nous y reviendrons.