L’impact attendu de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne («Brexit») devrait, à court terme, être assez minime pour les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), estime le chef du service analyses et études sectorielles à la direction de la recherche de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), Thiang Junior Engo Nguema.
Intervenant dans la revue ‘’la Lettre de la recherche’’ éditée par la Banque centrale, et sur la base d’un travail réalisé en octobre 2016, il justifie son hypothèse par la faiblesse des échanges commerciaux entre ces partenaires, soit environ 4.6% du volume global du commerce de la sous-région avec l’extérieur en 2014.
Dans le détail, lesdits échanges représentent 13,6%, 2,3%, 2,1%, 1,7%, 0,6% et 0,4% respectivement pour la Guinée Equatoriale, le Cameroun, le Gabon, le Congo, la République centrafricaine et le Tchad.
Selon Thiang Junior Engo Nguema, à moyen et long terme, le fort degré d’ouverture des économies de la CEMAC permet d’envisager un impact qui transiterait via le renchérissement du coût des importations et donc le volume des réserves de change.
L’expert base son analyse sur la hausse de la valeur du dollar qui devrait contribuer à garder le prix du baril de pétrole au plus bas, renchérir davantage les importations et accentuer l’érosion des recettes budgétaires des États, toute chose qui, du fait du déficit structurel des balances de paiements, se traduirait par une baisse des réserves de change.
Le Brexit, croit-il savoir, pourrait également avoir des effets indirects sur la demande intérieure émanant des pays européens importateurs des biens et services en provenance de la CEMAC, du fait notamment de l’incertitude créée par cette rupture sur les marchés financiers ainsi que de la faible reprise de la croissance mondiale.
Sur un autre plan, la baisse de valeur de la livre sterling, la monnaie britannique, contribue à renforcer l’appréciation du dollar induisant le renchérissement du coût d’un éventuel nouvel endettement extérieur des pays de la sous-région.
Le Brexit, ajoute Thiang Junior Engo Nguema, contribue aussi à remettre d’actualité la problématique de la dépendance des économies de la CEMAC aux matières premières, d’où la nécessité, pour les pays de la sous-région, d’intensifier leurs efforts de diversification des économies et de mettre en place des stratégies d’industrialisation visant à favoriser la production de biens à forte valeur ajoutée et, ainsi, réduire leur exposition aux fluctuations des prix des matières premières.