Infos Business of Tuesday, 12 April 2016

Source: bonaberi.com

Le Cameroun inquiète le Fmi

Dette Dette

44 milliards de Fcfa, c’est le montant des intérêts annuels générés par la dette camerounaise contractée auprès des bailleurs de fonds.

Le Fonds monétaire international ne cache plus son agacement face aux risques de gonflement de ce montant, au regard des ambitions qui sont celles du gouvernement camerounais qui entend s’endetter davantage pour soutenir ses grandes réalisations et lutter contre la pauvreté.

C ’était comme une passe d’armes le 4 avril 2016 au Hilton hôtel de Yaoundé entre Louis Paul Motaze - le ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, et Mario de Zamaroczy - le chef de la mission du Fmi au Cameroun.

C’était dans le cadre d’une concertation ayant réuni les hautes autorités du Cameroun et ses partenaires au développement, à l’effet d’identifier un paquet minimum d’actions permettant au Cameroun de bénéficier des financements sous forme d’appuis budgétaires.

Au cours des échanges, le tout premier du genre organisé en terre camerounaise et regroupant autour d’une table les cadres de l’administration camerounaise et les représentants de la Banque mondiale, du Fmi, de la Bad et de l’Union européenne, la problématique de la dette camerounaise a refait surface. De l’avis de Mario de Zamaroczy, « le Cameroun ploie sous le coup de 2000 milliards de Fcfa de dette non engagée ».

Le pays de Paul Biya, à en croire cet expert, « s’endetterait à des conditions très onéreuses ». De ses déclarations, l’on a retenu qu’un taux d’intérêts de 10% est appliqué au Cameroun par les institutions financières qui prétendent accompagner ses efforts de développement.


Poursuivant sa rhétorique teintée de pessimisme, le missionnaire du Fmi fait observer que « le Cameroun est tenu de reverser annuellement la rondelette somme de 44 milliards de Fcfa au titre d’intérêts générés par ses multiples dettes contractées auprès de ses bailleurs de fonds ».

Pour ce surveillant des politiques et réformes économiques engagées par le Cameroun, il est nécessaire que le pays de Paul Biya sache faire des choix judicieux car, « la multiplication des projets dont la plupart sont, soit inachevés, soit abandonnés, rendrait un mauvais service à l’économie nationale ».

Il s’agirait de l’avis de cet économiste, des projets phagocytés par des pesanteurs de tout genre « indemnisations et mobilisation des fonds de contrepartie » et dont certains à faible valeur ajoutée ne donneraient pas la possibilité au Cameroun de pouvoir faire face aux contraintes de la dette. Pour s’en convaincre, Mario de Zamaroczy fait référence à certains grands chantiers dont la rentabilité reste attendue.

Il fait évocation du port en eau profonde de Kribi qui n’est toujours pas opérationnel, l’autoroute Yaoundé-Douala en début de chantier et le barrage de Lom Pangar dont la mise en exploitation n’est toujours pas effective .

La parade camerounaise

La réaction de Louis Paul Motaze, dans sa posture de principal négociateur des Accords de prêts pour le compte de l’Etat du Cameroun, n’a pas tardé.

Pour le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, il conviendrait de relativiser les inquiétudes de certains bailleurs de fonds essentiellement pessimistes dans leurs projections sur les perspectives économiques du Cameroun. Au soutien de cette thèse, Louis Paul Motaze fait valoir « l’engagement du Cameroun à atteindre son émergence à l’horizon 2035, et la détermination des pouvoirs publics à combattre la pauvreté ».

Toutes choses qui passent par la construction des routes pour désenclaver les bassins de production, la mise en place des barrages, des ports et autres infrastructures susceptibles de soutenir la croissance et porter la compétitivité de l’économie nationale.

Pour y arriver, le ministre Motaze estime que « le Cameroun peut poursuite sans risque, la mobilisation des ressources auprès de ses partenaires au développement, surtout que les indicateurs de l’économie ne sont pas au rouge, grâce à sa diversité et la résilience dont font preuve les populations ».

Des arguments qui, selon le ministre, rendent soutenable le service de la dette. Toutefois, s’il est une chose sur laquelle les parties sont unanimes, c’est « la qualité la dépense et la maturation des projets à financer pour le bien de tous ».