Au cours d’une réunion de crise organisée le 13 juin 2023 à Yaoundé, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a annoncé l’interdiction des exportations du cacao camerounais vers le Nigeria. Depuis des décennies, ce pays est accusé par les opérateurs de la filière cacaoyère camerounaise de siphonner une bonne partie de la production de la région du Sud-Ouest du Cameroun.
« Depuis 30 ans, nous constatons une absence de la volonté du gouvernement à résoudre ce problème. Les Nigérians viennent jusqu’à Kumba, Mamfe. Ils utilisent des Camerounais. L’État ne peut pas nous dire qu’il n’a pas de moyens pour lutter contre ce phénomène », dénonçait déjà Kate Fotso en 2017.
La DG de Telcar Cocoa, négociant local de l’Américain Cargill et première exportatrice de fèves au Cameroun, s’exprimait ainsi lors d’une réunion de crise relative au même sujet évoqué le 13 juin 2023 à Yaoundé par Luc Magloire Mbarga Atangana, des représentants des forces de sécurité, de la douane et les acteurs de la filière cacao.
De sources internes au ministère du Commerce, la décision du ministre Mbarga Atangana est consécutive à l’aggravation du phénomène des exportations frauduleuses des fèves camerounaises vers le Nigeria ces dernières années. Cette intensification du phénomène est surtout observée depuis le déclenchement des revendications séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, fin 2016, apprend-on.
De l’avis des opérateurs locaux de la filière, la porosité des frontières entre le Cameroun et le Nigeria, puis les prix compétitifs pratiqués par les acheteurs nigérians contribuent également à entretenir ce siphonage de la production camerounaise.