Dans un entretien accordé au média français RFI, le ministre des finances Louis Paul Motaze annonce son intention d’élargir l’assiette fiscale du Cameroun. Il estime que de nombreux camerounais échappent au fisc alors qu’ils réalisent de grandes opérations.
Un certain nombre d'acteurs économiques camerounais disent être asphyxiés, assommés par les impôts. Allez-vous maintenir la pression fiscale qui est actuellement exercée ?
Je vais peut-être en décourager quelques-uns en disant que la politique que nous voulons mener est d'accroître la pression fiscale. Il s'agit d’élargir la base taxable. Pas forcément de dire que les gens vont payer plus d'impôts, mais il y a plus de gens qui doivent payer les impôts. Nous pouvons accroître la pression fiscale sans forcément faire en sorte que ce soit les mêmes qui payent.
C'est ça le problème. C'est pour ça que nous essayons de découvrir des niches nouvelles - des personnes morales ou physiques qui pourraient payer - mais qui jusque-là étaient exemptées du paiement des impôts.
Ne craignez-vous pas que cela puisse contribuer au découragement du secteur formel tout en alimentant le secteur informel ?
C'est justement l'inverse, parce que ceux qui payent jusqu'à présent et qui se plaignent de trop payer, ce sont principalement les gens du secteur formel. Il y a, au sein du secteur informel, des gens qui font de très grosses opérations.
C'est pour ça que nous avons créé un lien extrêmement fort entre les impôts et la douane. Parce que nous avions des gens qui faisaient des opérations extrêmement importantes au niveau de la douane, mais qui étaient inconnus du fisc, ça n’est pas normal. Maintenant, vous ne pouvez plus le faire. Quand on élargit la base taxable, c'est beaucoup plus pour fiscaliser ceux qui ne l'étaient pas.