La production de ciment au Cameroun sera multipliée à partir de l’année 2018. En effet, aux 4,2 millions de tonnes de capacités actuelles (1,6 million de tonnes pour Cimencam, 1,5 million pour Dangote, 500 000 tonnes pour Cimaf et 600 000 tonnes pour Medcem), les différents producteurs du pays envisagent d’ajouter 3 millions de tonnes supplémentaires, à travers soit des extensions des usines, soit la construction de nouvelles unités de production.
Il en est ainsi de Dangote Cement Cameroun, qui ambitionne dès cette année de construire sa deuxième unité de production du pays à Yaoundé, la capitale, avec une capacité de 1,5 million de tonnes. Cimencam, filiale camerounaise de Lafarge-Holcim, annonce quant à elle le montage d’une nouvelle unité de production de 500 000 tonnes dans la localité de Nomayos, près de Yaoundé ; tandis que le marocain Cimaf souhaite d’ici 2018 porter sa production actuelle de 500 000 tonnes à 1,5 million de tonnes, au moyen de l’extension de son usine de Douala.
Avec ces nouvelles offres, les capacités productives du Cameroun culmineront à 7,2 millions de tonnes (contre une demande estimée à 3 millions de tonnes, projetée à 8 millions de tonnes en 2020 selon le ministère de l’Industrie), contre les 1,6 million de tonnes de Cimencam d’avant 2014, année de la fin du monopole de cette entreprise sur le marché camerounais du ciment, à la faveur de la mise en service de la cimenterie marocaine Cimaf. C’était au premier trimestre 2014.
Au demeurant, cette augmentation annoncée de la production de ciment au Cameroun induira-t-elle la baisse des prix que les populations attendent depuis la libéralisation intervenue dans ce secteur il y a 3 ans? La question est d’autant plus lancinante que malgré l’ouverture de trois nouvelles unités de production enregistrée dans le pays entre 2014 et 2016, situation qui a permis de quadrupler la production locale d’alors, le prix du sac de ciment de 50 Kg n’a connu qu’un léger fléchissement, passant de 5000 FCfa auparavant à 4500 FCfa en moyenne.
Ouvertement accusés d’entente illicite sur les prix au cours d’une réunion au ministère du Commerce en octobre 2015, les producteurs, eux, invoquent l’indisponibilité du clinker dans le pays et les importations subséquentes de cette matière première, pour justifier le niveau actuel des prix. Afin de résoudre cette équation des prix du ciment sur le marché camerounais, Dangote Cement, a-t-on appris de sources internes à cette entreprise, lorgne sur l’exploitation du gisement de calcaire de Mintom, dans la région du Sud, afin de pouvoir produire localement le clinker et entraîner une baisse substantielle des prix du ciment sur le marché.
Mais, apprend-on de bonnes sources, les ardeurs de ce cimentier sont freinées par l’ennoiement de près de 70% du gisement en question par les eaux du fleuve Dja. Une situation qui rend encore plus complexe l’exploitation dudit gisement, dont le potentiel est estimé à 540 millions de m3 par l’Institut de recherches géologiques et minières (Irgm).