Selon les analyses et projections publiées en avril 2016, le pays va connaître un recul de croissance, un accroissement de la dette publique, une diminution de l’épargne et une baisse des recettes publiques.
Les perspectives économiques du Cameroun ne sont pas bonnes. Le Fonds monétaire international (FMI) le souligne à grands traits dans son analyse traditionnelle sur l’Afrique subsaharienne, dont la dernière édition a été publiée en avril dernier. Le Cameroun est présenté comme un pays à revenu intermédiaire, « moins développé sur le plan financier qu’il ne l’était dans les années 80 », « notamment en raison de guerres civiles et autres conflits ».
« Depuis 2011, et surtout en 2014 et 2015, le nombre d’attentats et leur gravité se sont considérablement accrus, la violence se concentrant notamment au Nigéria, en relation avec les attentats perpétrés par Boko Haram, et dans trois des pays voisins (Cameroun, Niger et Tchad) », souligne le FMI. L’institution monétaire précise que, « au Cameroun, la menace du terrorisme se concentre également dans les régions rurales et pauvres, mais elle a provoqué une augmentation des
dépenses de sécurité dont l’impact budgétaire se situe aux alentours de 1 à 2 % du PIB [produit intérieur brut] ». Ce qui équivaut à entre 165 et 230 milliards de FCFA. L’action militaire combinée des pays participants avec l’Union africaine a, semble-t-il d’après le FMI, réussi jusqu’à un certain point à contenir la propagation du terrorisme et à récupérer des territoires qui étaient tombés sous le contrôle de terroristes, de même qu’à réaliser d’importantes opérations de libération d’otages.
En termes chiffrés, le Fonds monétaire international prévoit que la dette publique va s’aggraver. Si en 2015, elle représentait 33,5% du PIB, elle sera de 38% et 41,3% respectivement les deux prochaines années. La balance commerciale aussi va aller de mal en pis. -2,1% l’an dernier, elle représentera -3,0% l’année en cours et -2,9% en 2017. Les exportations de biens et de services aussi vont connaître une tendance baissière : 23,9% en 2015 contre 20% et 20,1%, les années suivantes.
Les recettes publiques, hors dons, elles, vont s’amoindrir parce que partant de 17,4% lors du dernier exercice, elles vont baisser respectivement à 15,6, puis 15,8% cette année et l’an prochain. L’épargne nationale brute va en pâtir. De 16,0% en 2015, elle va décroître les deux années d’après à 15,7 et 15,0% du PIB. L’investissement ne s’en portera pas mieux : 21,8% en 2015 contre 21,4 en 2016 et 20,5% en 2017. Le taux de croissance alors va désespérément régresser : 5,9% en 2015 contre 4,9% en 2016 et 4,6% en 2017.
Le FMI conclut que le Cameroun, comme la plupart des pays exportateurs de pétrole et des autres pays riches en ressources naturelles, voit la dynamique de la dette déterminée par la baisse des recettes provenant des produits de base et la politique budgétaire expansionniste qui en a résulté, car les déficits budgétaires ont été de plus en plus comblés par des flux créateurs de dette.
La hausse de l’endettement a été particulièrement marquée dans les pays exportateurs de pétrole tels que le Cameroun, l’Angola, le Gabon et la République du Congo (de 17 à 33 points de pourcentage entre la moyenne des années 2010–13 et 2015), où le taux d’endettement a parfois atteint 65 % du PIB. « À quelques exceptions près (Ghana, Zambie), l’augmentation de la dette a été moins prononcée dans les autres pays riches en ressources naturelles », compare le FMI.