Infos Business of Saturday, 4 November 2017

Source: latribuneafrique.fr

Le FMI moins optimiste sur la croissance du Cameroun

Selon le FMI, c'est la production de pétrole qui explique largement ce ralentissement Selon le FMI, c'est la production de pétrole qui explique largement ce ralentissement

Au terme d’une mission que ses services viennentt d’effectuer au Cameroun, le FMI a ramené ses projections de croissance de 4 à 3,7%. La baisse de la production expliquerait en grande partie ce ralentissement qui amplifie l’urgence d’engager des réformes pour sortir de la crise et surtout bénéficier à court terme d’un second décaissement du Fonds à hauteur de 116 millions de dollars.

C'est une révision à la baisse relativement insignifiante pour le pays qui affiche un taux de croissance attendu des plus dynamiques cette année particulièrement dans la zone CEMAC mais pour le gouvernement cela pourrait être de mauvais augures. A la fin d'une mission de passage de revue de l'évolution de la situation économique conformément à ce qui a été convenu dans le cadre du programme d'assistance financière, le FMI a rabaissé ses projections de croissance pour 2017 en ramenant le taux de 4 à 3,7%. Parallèlement, les 4,5% estimées initialement pour 2016 ont été ramenés à 4,5%. En cours de route, le Fonds refroidit les ambitions du gouvernement qui espérait mieux surtout qu'on estime que le plus dur était déjà derrière. Selon le FMI, c'est la production de pétrole qui explique largement ce ralentissement alors que sur les marchés internationaux, les cours ne sont pas prêts de retrouver de la vigueur.

La mission dirigée par Corinne Deléchat, a séjourné à Yaoundé du 24 octobre au 3 novembre 2017, période durant laquelle elle a mené ses entretiens avec les principaux responsables gouvernementaux en charge des questions économiques ainsi que les autorités monétaires. Les échanges ont porté sur l'état de la mise en œuvre des engagements convenus lors de la première revue du programme appuyée par la facilité élargie de crédit (FEC), qui a été approuvée en juin dernier en faveur du Cameroun. « La mission a conclu un accord avec les autorités en ce qui concerne la politique économique et financière qui pourrait faciliter l'approbation de la première revue de leur programme triennal au titre de la FEC » a expliqué le chef de mission du FMI annonçant que l'examen de la première revue par le conseil d'administration du FMI est prévu à titre provisoire pour la mi-décembre 2017. La conclusion de la première revue permettrait un second décaissement de 82.8 millions de droits de tirage spéciaux (DTS) soit près de 116.3 millions de dollars.

« Le programme économique du pays reste en bonne voie, en dépit d'un contexte difficile. Tous les critères de réalisation quantitatifs établis dans le programme pour fin juin 2017 ont été remplis. En outre, tous les repères structurels jusqu'à fin octobre ont été mis en œuvre, à l'exception de deux repères qui ont été modifiés et reprogrammés. Les autorités ont également mis en œuvre des mesures visant à accroître les recettes, à améliorer la transparence de l'exécution du budget, à renforcer la gestion de trésorerie et à maintenir la stabilité du secteur financier ».

Rappel à l'ordre

Durant son séjour, la mission du FMI a également conclu un accord avec les autorités sur la politique économique et financière qui pourrait faciliter l'approbation de la première revue. « La mission et les autorités sont convenues de la nécessité de mettre en œuvre sans retard des mesures pour renforcer le secteur financier, améliorer le climat des affaires pour favoriser l'investissement du secteur privé et la diversification de l'économie, et atteindre une croissance plus inclusive » a précisé le Fonds dans un communiqué publié à l'issue du séjour de son équipe à Yaoundé.

Ce qui s'avère en réalité comme une mise en demeure pour le Cameroun d'accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles dont certaines ont provoqué des résistances dans le pays notamment au sein du secteur privé en plus de leurs impacts socio-économiques. En cette veille d'année électorale au pays de Paul Biya et dans un climat politique et sécuritaire assez tendue, le gouvernement a certainement voulu rappeler le gouvernement à l'ordre sur la nécessité d'améliorer la cadence. « La croissance ralentit, principalement à cause de la baisse de la production de pétrole. Pour 2016, la croissance a été révisée légèrement à la baisse, de 4,7 % à 4,5 %. Pour 2017, la croissance devrait atteindre 3,7 %, tandis que l'inflation devrait rester faible, tombant à 0,5 % » estime le FMI dans ses actualisations. Le déficit budgétaire devrait de son coté diminuer comme prévu pour passer de 6,2 à 3,1 % du PIB en 2017 même si, ajoute la même source, les recettes pétrolières seront inférieures aux prévisions, ce qui sera compensé principalement par une baisse des dépenses courantes.

S'appuyant sur le projet de loi de finances 2018 qui prévoit une nouvelle réduction du déficit budgétaire, à 2,3 % du PIB, conformément aux objectifs établis dans le cadre de la FEC, le FMI relève que pour atteindre cet objectif, les autorités comptent mettre en œuvre « un ensemble de mesures visant à accroître les recettes en élargissant encore l'assiette de l'impôt, tout en continuant de rationaliser les dépenses publiques et d'en améliorer la qualité ».

« La mission a souligné l'importance de continuer de limiter les nouveaux emprunts, en particulier les emprunts non concessionnels, pour préserver la viabilité de la dette. L'encours élevé d'emprunts contractés mais non décaissés à ce jour constitue un symptôme des faiblesses qui subsistent dans la préparation et la mise en œuvre des projets, dans le contexte d'un programme ambitieux d'investissements publics. L'équipe du FMI a encouragé les autorités à mettre en œuvre promptement les mesures qu'elles ont définies pour réduire le volume de ces emprunts et accroître le taux d'exécution des projets à terme ».

En guise de nouvelle feuille de route, le FMI a rappelé les priorités que le gouvernement a promis de tenir compte alors qu'il se prépare à passer son examen avec la clé du décaissement de cash, ce dont l'économie du pays a surtout besoin pour le moment.