Dans son récent communiqué intitulé "Dégradation de la note de la dette publique du Cameroun : comprendre la mesure et ses implications," le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) a exprimé de sérieuses préoccupations concernant la détérioration de la situation financière du pays. Cette dégradation a des implications significatives pour l'économie camerounaise, notamment une perte de crédibilité de la signature du pays sur les marchés financiers internationaux.

Le Gicam identifie plusieurs motifs de cette dégradation. Tout d'abord, il pointe du doigt une augmentation significative des dépenses de subvention aux carburants en 2022. Malgré la hausse des coûts de production et des prix mondiaux du pétrole, le gouvernement a choisi de maintenir la stabilité des prix de certains produits, ce qui a entraîné une augmentation considérable des sommes allouées à la subvention à la consommation. Selon le Gicam, cette subvention a atteint un niveau record de 900 milliards de francs CFA en 2022, soit 3,4 % du PIB, contre 600 milliards de francs CFA en 2021.

En outre, le Gicam souligne les lenteurs dans la mise en œuvre de réformes essentielles visant à améliorer les finances publiques. L'administration fiscale a eu du mal à élargir la base de contribuables, ce qui aurait permis d'augmenter les recettes internes de manière durable et de réduire la pression fiscale sur les entreprises existantes.

Le Gicam identifie également des dépenses hors budget de plus en plus importantes, notamment liées à la situation sécuritaire du pays. De plus, la politique d'endettement de l'État a exercé une pression importante sur les finances publiques en raison de retards de paiement de la dette extérieure à la fin de 2022, avec un montant total de 8 153 milliards de francs CFA, notamment envers Deutsche Bank Spain.

Le Gicam souligne que ces problèmes ont été signalés par le Fonds monétaire international (FMI) et les acteurs économiques, et que deux agences de notation, Moody's et Standard & Poor (S&P), ont également attribué de mauvaises notes au Cameroun.

Pour remédier à cette situation préoccupante, le Gicam propose plusieurs mesures, notamment l'accélération des réformes des finances publiques, une réévaluation des politiques d'endettement, la tenue de consultations élargies avec les acteurs économiques et une révision des politiques budgétaires.

Si le gouvernement ne prend pas en compte ces recommandations, le Gicam prévoit des risques majeurs pour l'économie camerounaise, notamment un défaut de paiement potentiel, la remise en question des investissements publics et privés, une augmentation des défauts de paiement et une politique d'austérité avec un durcissement de la fiscalité. Il est donc crucial pour le Cameroun de prendre des mesures rapidement pour remédier à cette situation financière préoccupante.