Infos Business of Tuesday, 27 December 2016

Source: investiraucameroun.com

Le chemin parcouru en 20 ans par les 6 pays de la CEMAC

Vue partielle de la ville de Yaoundé Vue partielle de la ville de Yaoundé

En 1996, les 6 pays de la CEMAC cumulaient un PIB de 18,5 milliards pour 28,4 millions d’habitants. En 20 ans, la sous-région a multiplié ses revenus par plus de 4 et sa population par 1,7. Le revenu moyen par habitant a été multiplié par 2,4.

Toutefois cette statistique cache d’immenses disparités puisque sur la même période la République Centrafricaine n’a multiplié son PIB que par 1,4 alors que la Guinée Equatoriale l’a multiplié par… 86.

Le niveau de développement humain est tout aussi inégal. Il culmine aujourd’hui au Gabon à 0.684 (au dessus du Maroc ou du Vietnam) et descend à 0.350 en République Centrafricaine (avant dernier dans le monde).

Comble de l’inéquité, la Guinée Equatoriale qui dispose d’un revenu moyen par habitant supérieur à celui de la Pologne, présente à ce jour un niveau de développement humain inférieur à celui du Congo Brazzaville.



Le Cameroun il y a 20 ans

Le pays entame l’année 1996 avec une constitution toute neuve qui institutionnalise les provinces et qui soumet le gouvernement au contrôle du Parlement. Déplorant la lenteur des réformes de privatisations et de réduction des effectifs de la fonction publique, le FMI tarde accorder son aide. La dette extérieure atteint près de 75% du PIB. L’Etat paie ses factures de plus en plus tard et met de nombreuses entreprises en difficultés, au grand dam du GICAM (Patronat).

En 20 ans, le Cameroun a multiplié son revenu par 3,2 et sa population par 1,6.

Le Gabon il y a 20 ans

« Les Accords de Paris » mettent fin à la longue crise post-électorale consécutive à l’élection contestée d’Omar Bongo. Le taux de chômage culmine à 20% et la dette frôle les 100% du PIB. Le FMI accorde bon gré mal gré une facilité financière supplémentaire de 165 millions $, espèrant en retour une croissance de 3,3% et des réformes économiques. Il s’en suivra la privatisation du Transgabonais et la sortie de l’OPEP.

En 20 ans, le Gabon a multiplié son revenu par 2,9 et sa population par 1,6.

Le Congo Brazza il y a 20 ans

Avec une dette extérieure qui dépasse largement le PIB, l’administration de Pascal Lissouba n’a pas d’autres choix que de se soumettre aux volontés du FMI. L’année 1996 sera celle des privatisations : Hydrocongo, Coraf, Union congolaise des banques… Le Club de Paris efface une partie de la dette et les donateurs promettent un soutien de 300 milliards de FCFA. Reste à organiser des élections dans un contexte très tendu où les partis politiques disposent encore de milices armées.

En 20 ans, le Congo a multiplié son revenu par 4 et sa population par 1,7.

Le Tchad il y a 20 ans

En 1996, Idriss Déby remporte les élections et le pays adopte une nouvelle constitution. Après des décennies de guerre civile, un espoir émerge de la région du Sud Est où du pétrole a jailli. On espère de ce gisement providentiel, 200 000 barils par jour. Il faut maintenant effectuer les forages et construire le pipeline qui traversera le Cameroun pour rejoindre la côte.

En 20 ans, le Tchad a multiplié son revenu par 7,5 et sa population par 2.

Il y a 20 ans, la Centrafrique

En 1996, en dépit d’une croissance économique de 7%, les caisses sont vides. Les salaires des fonctionnaires et de l’armée accusent plusieurs mois de retard, les enseignants sont en grève. Le docteur FMI prescrit un remède de cheval : baisse de 20 à 30% des salaires de la fonction publique et privatisations. Mais c’est déjà trop tard, l’armée se rebelle. Pillages, exactions, départs des expatriés… Les militaires français viennent ramener l’ordre. Les parties négocient et accouchent d’un accord. Nouveau gouvernement. Entre temps la croissance s’est efffondrée à 2%. Les discussions avec le FMI reprennent mais en novembre éclate une nouvelle mutinerie. Et ainsi de suite…

En 20 ans, la République de Centrafrique a multiplié son revenu par 1,4 et sa population par 1,5.

Il y a 20 ans, la Guinée Equatoriale

En 1996, le pays est pauvre. Le paludisme et la typhoide font des ravages. Seuls quelques privilégiés jouissent de l’eau courante et de l’électricité. Les services de santé et d’éducation sont déplorables. Mais en octobre, le président Obiang Nguema inaugure le premier champ de pétrole du pays. Il en attend 40 000 barils par jour et espère ainsi doubler les revenus du pays.

En 20 ans, la Guinée Equatoriale a multiplié ses revenus par 86 et sa population par 1,9.

NB : Pour référence, sur la même période, les USA ont multiplié leur revenu par 2,3 et leur population par 1.2. La Chine a multiplié son revenu par 15,1 et sa population par 1,1. Et la France a mutilplié son revenu par 1,5 et sa population par 1,1.

DF avec les données de la Banque mondiale et L’Etat du Monde éd. 1997.