Dans une correspondance incendiaire, son président, Lucas Abaga Nchama, accuse le ministre des Finances de bloquer les dispositions devant mettre fin à la restructuration.
Que se passe-t-il à la Commercial bank Cameroon (CBC) ? Une interrogation de bon sens qui défraie actuellement la chronique au sein de l'opinion publique, tellement l'actualité autour de cette banque est garnie de scandales. Après avoir découvert les détournements de fonds de l'administrateur provisoire aussitôt sommé de rembourser, cette fois-ci la Commission bancaire d'Afrique centrale (Cobac) accuse le Cameroun de faire la résistance pour mettre fin au processus de restructuration de la CBC.
Dans une correspondance adressée au ministre des Finances en date du 30 janvier 2015, le président de la Cobac dresse un état des lieux de «l'évolution de la situation de la CBC». Lucas Abaga Nchama fait d'entrée un rappel des faits à Alamine Ousmane Mey en lui expliquant que « lors de sa session ordinaire du 17 janvier 2014, la Commission bancaire a fixé au 31 décembre 2014 la fin de la restructuration de Commercial bank Cameroon (CBC) ».
Ce délais était suffisant, à en croire le président de la Cobac et par ailleurs gouverneur de la banque des Etats de l'Afrique centrale «Beac», pour «permettre à l'Etat de désigner ses représentants au sein des différents organes sociaux de la banque afin d'achever le processus de restructuration...
» Le Cameroun, à travers son ministre des Finances, n'aura malheureusement pas donné suite à cet agenda. Abaga Nchama observe de ce fait «qu'à l'issue de l'assemblée générale mixte des actionnaires convoquée par l'administrateur provisoire, le 30 décembre 2014, l'Etat n'a toujours pas désigné ses représentants au conseil d'administration, qui à son tour, devrait désigner les membres de la direction générale de CBC. »
Pas surprenant donc que le président de la Cobac en vienne à adopter une posture menaçante : «La période de restructuration étant achevée sans que CBC respecte la réglementation prudentielle, je soumettrai ce dossier à l'appréciation de la Commission bancaire qui en tirera toutes les conséquences malgré les énormes efforts consentis par l'Etat. » Un an après la charge du président de la Cobac contre le Minfi, aucun développement nouveau ne montre quelque volonté du gouvernement camerounais à s'arrimer aux normes édictées par le gendarme de la régulation bancaire de la sous-région.
Le Minfi, par ailleurs autorité monétaire nationale, assure la prolongation sans cesse de la période de restructuration de la CBC sous administration provisoire depuis 2009. Il n'en reste donc pas moins aujourd'hui concerné par la gestion de l'administrateur provisoire, à la fois traqué par la Cobac et les fins limiers du tribunal criminel spécial (TCS).
Nommé pour 6 mois, avec pour mission de mener à terme les opérations prévues par la règlementation dans le cadre de la restructuration, le mandat de Martin Luther Njanga Njoh, qui au passage fut directeur général de la même CBC, a été renouvelé à six reprises. Il est aujourd'hui pourchassé par la Cobac qui, au 31 octobre 2013, l'invitait à procéder, sans délai, au remboursement de toutes les sommes lui ayant été versées au titre de sa rémunération en dehors de celles expressément visées. Soit un tropperçu évalué à 108 millions de francs à l'époque, et qui doit s'être lourdement creusé depuis lors.