Infos Business of Saturday, 14 December 2024

Source: www.camerounweb.com

Les banques camerounaises, principales créancières du Tchad dans la zone Cemac

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Les banques camerounaises se sont imposées comme les principaux créanciers du Tchad sur le marché monétaire de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac), révèle un récent rapport du Fonds monétaire international (FMI).

À la fin février 2024, les établissements bancaires camerounais détenaient 56 % des titres d'emprunt émis par le gouvernement tchadien, illustrant une dépendance croissante des autorités de N'Djamena envers le secteur financier camerounais. Cette situation trouve son origine dans les difficultés structurelles du système bancaire tchadien.

Les indicateurs financiers tchadiens témoignent de cette fragilité. À fin 2023, les banques locales présentaient des fonds propres négatifs à hauteur de -1,4%, tandis que l'encours des créances douteuses atteignait un niveau critique de 31,5% du total des crédits accordés à l'économie nationale.

Face à cette situation, les banques camerounaises ont saisi l'opportunité de financer les besoins croissants du gouvernement tchadien, notamment sur le marché des titres à moyen et long terme. Ces obligations du Trésor représentaient 84% des titres émis par le Tchad en juillet 2024, contre seulement 54% en 2021.
Le secteur bancaire camerounais, bien que confronté à ses propres défis, présente une solidité financière remarquable. Le ratio des fonds propres sur le total des prêts est passé de 10,8% en 2018 à 15,3% en décembre 2023. La part des créances à risque s'est stabilisée autour de 12,9% en 2023, contre un pic de 14,1% en 2021.
L'attractivité de ces investissements réside dans leurs rendements élevés. Les bons du Trésor à court terme offrent 7,5% de revenus, tandis que les obligations à long terme peuvent atteindre 13,5%. Cependant, cette stratégie n'est pas sans risques.

Les perspectives financières du Tchad demeurent incertaines. Le pays dépend fortement des revenus pétroliers, en baisse tant en production qu'en prix. À fin 2023, le Tchad accusait une dette de 401 millions de dollars envers ses voisins et institutions financières régionales.

En 2023, l'encours global de crédit des banques camerounaises a progressé de 13,1%, atteignant 5 612 milliards de FCFA. Plus significatif encore, 60,6% de ces prêts, soit 3 402 milliards de FCFA, ont été accordés aux États, principalement au Congo, au Tchad et au Gabon.

Cette situation soulève des interrogations sur la soutenabilité à long terme de cette stratégie d'investissement. Les banques camerounaises semblent avoir considérablement exposé leur portefeuille aux risques gouvernementaux de la sous-région, avec des implications potentiellement significatives pour leur stabilité financière.

Les experts financiers suivent de près cette dynamique, qui illustre les interdépendances économiques complexes au sein de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale.