L'Opération Épervier, cette vaste campagne anti-corruption qui a secoué les hautes sphères de l'État camerounais, a fait de nombreuses victimes parmi les personnalités influentes. Emmanuel Gérard Ondo Ndong, ancien directeur général du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom), en est l'une des figures les plus emblématiques. Son parcours, autrefois jalonné de réussites professionnelles, a basculé dans la tourmente judiciaire, avec une peine de 30 ans de prison.

Tout commence le 11 novembre 2005, lorsque Ondo Ndong est limogé de son poste à la tête du Feicom. Trois mois plus tard, il est interpellé à son domicile à Yaoundé. Les accusations sont lourdes : détournement de fonds publics estimé à plus de 36 milliards de FCFA. Une somme astronomique qui reflète l'ampleur de la corruption présumée au sein de l'administration publique camerounaise.

Le procès, qui a capté l'attention nationale, aboutit en première instance à une condamnation d’une sévérité sans précédent : 50 ans de prison. Un choc pour l’accusé et pour l'opinion publique. Cependant, en appel, la sentence est réduite à 20 ans. Emmanuel Gérard Ondo Ndong ne s'avoue pas vaincu et se pourvoit en cassation, espérant une issue plus clémente. Mais la Cour suprême, en 2013, durcit à nouveau le verdict, portant sa peine à 30 ans d’emprisonnement. Une décision finale qui marque la chute d’un homme autrefois au sommet de l’appareil étatique.

L'affaire Ondo Ndong s'inscrit dans la dynamique plus large de l'Opération Épervier, qui vise à assainir la gestion des finances publiques et à sanctionner les abus de pouvoir. Plusieurs autres personnalités, issues des milieux politiques et économiques, ont également été prises dans les filets de cette opération, subissant des peines similaires pour des faits de corruption.

Derrière les chiffres et les procédures judiciaires se cache l’histoire d’un homme qui, autrefois respecté et influent, a vu sa carrière et sa liberté s'effondrer sous le poids des accusations.