Les broyés de l'Opération Epervier : Mohammed Iya, ancien président de la Fecafoot et directeur général de la Sodecoton

Mohammed Iya, ancien directeur général de la Sodecoton et figure emblématique du football camerounais, a vu sa carrière brisée par l'Opération Épervier. Condamné en 2015 à 15 ans de prison ferme pour détournement de fonds publics, cet ancien dirigeant paie le prix de sa gestion de la Sodecoton, entreprise publique dont il était à la tête, et de ses liens avec le club de football Cotonsport de Garoua, qu'il avait contribué à créer en 1989.

L’ascension de Mohammed Iya dans le monde du football s’est faite en parallèle de sa carrière à la Sodecoton. Président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) de 2000 à 2013, il a marqué cette institution par sa longévité et ses réélections successives, mais sa chute fut aussi spectaculaire que son ascension. Le Tribunal criminel spécial (TCS) l'a reconnu coupable de détournement de plus de 10 milliards de F CFA en coaction avec deux de ses collaborateurs, Mahamat Karagama et Christophe Mbaiougam, tous deux condamnés à la prison à vie. Ce détournement est lié au financement de Cotonsport de Garoua, club qui n’avait alors aucun statut juridique.

Le Conseil de discipline budgétaire et financière avait précédemment identifié 20 fautes de gestion imputées à Iya, causant un préjudice de 9 milliards de F CFA à la Sodecoton. Cette gestion controversée l’a conduit en détention préventive au Secrétariat d’État à la Défense (SED) dès le 10 juin 2013, avant son jugement définitif.

L'affaire ne se limite pas au plan judiciaire. En mars 2021, l’ancien PDG de la Sodecoton fut mentionné dans une vidéo diffusée par le « Mouvement de Libération du Cameroun » comme l'un de ses leaders, aux côtés de personnalités politiques telles que Marafa Hamidou Yaya, ancien Secrétaire général à la Présidence de la République, et Gervais Mendo Ze, ancien Directeur général de la Cameroon Radio Television (CRTV). Mais Mohammed Iya, par l'intermédiaire de son avocat, a démenti ces accusations, qualifiant ces affirmations d'« affabulations ». Dans un communiqué publié dans le quotidien Le Jour, il a fermement nié tout lien avec cette entité rebelle, affirmant qu'il en découvrait même l'existence.