L’Opération Épervier, vaste campagne anticorruption initiée par le régime camerounais, a précipité la chute de plusieurs personnalités influentes du pays. Parmi elles, Ephraïm Inoni, ancien Premier ministre de 2004 à 2009, incarne un des visages marquants des "broyés" de cette opération.
Arrêté le 16 avril 2012, Inoni a été condamné en octobre 2013 à 20 ans de prison par le Tribunal criminel spécial (TCS) de Yaoundé. Il a été reconnu coupable de détournement de fonds publics, en coaction avec Jean Marie Atangana Mebara, pour un montant de 287,4 millions de francs CFA. Cette somme devait servir à l’acquisition d’un aéronef destiné aux déplacements du président Paul Biya.
L’affaire de l’avion présidentiel, tristement célèbre, a englouti plusieurs hauts fonctionnaires, dont Inoni, qui a vu sa carrière politique se désintégrer sous les projecteurs de cette opération anticorruption.
Il est né le 16 août 1947 à Bakingili (vers Limbé) au sein de la région de l'ethnie des Bakweri venant du Cameroun occidental (zone anglophone).
Il a été trésorier municipal de Douala de 1981 à 1982, puis trésorier de l'ambassade du Cameroun aux États-Unis de 1982 à 1984 et directeur de l'équilibrage des comptes au ministère des Finances de 1984 à 1988. Il a ensuite été nommé secrétaire d'État aux Finances le 9 avril 1992, puis secrétaire général adjoint de la présidence le 27 novembre 1992, occupant ce dernier poste jusqu'à sa nomination au poste de premier ministre en décembre 2004.
Inoni est membre du Comité central du RDPC. Il faisait partie de l'équipe de campagne pour la campagne électorale de Biya lors de l'élection présidentielle de 2004 et était le président du comité de soutien de la campagne dans la province du sud-ouest.
Biya a démis Inoni de son poste de Premier ministre le 30 juin 2009, nommant un autre anglophone, Philémon Yang, pour le remplacer. Le remaniement a été le plus grand remaniement depuis la nomination d'Inoni au poste de Premier ministre. Le président Biya a déclaré à la radio d'État que douze ministres avaient été limogés (dont Inoni et le ministre de la Défense), six se sont joints et trois ont changé de place. On pense que la colère du public face à la hausse des prix des denrées alimentaires et au niveau élevé de corruption du gouvernement, en conjonction avec les tentatives de Biya de renforcer son soutien à la prochaine élection présidentielle, a conduit au limogeage, alors qu'Inoni était en train d'obtenir une aide de 140 millions de dollars du Fonds monétaire international, bien qu’aucune explication officielle n’ait été donnée.
Soupçonné de corruption pendant son mandat, Inoni a été arrêté le 16 avril 2012. Cette arrestation s'inscrit dans le cadre de l'opération Epevier (moineau), une campagne anti-corruption lancée par le président Paul Biya en 2004. Cette arrestation était en lien avec l'opération Albatross, à propos de l'achat à grands frais en 2003 de l'avion présidentiel, qui s'est avéré présenter de sérieux défauts lors de son vol inaugural avec le couple présidentiel de l'aéroport international de Douala à Paris en 2004. Il était l'un des nombreux hauts fonctionnaires arrêtés au cours d'une répression de la corruption.
Ephraim Inoni a été interrogé à huis clos par des juges d'instruction dans le cadre de la procédure judiciaire dans l'affaire connue au Cameroun sous le nom d '«affaire des albatros». Il a été placé en détention provisoire par la Haute Cour de Mfoundi à Yaoundé.
Selon nos informations, l’ancien Premier ministre Ephraïm Inoni, 72 ans, vit ainsi en toute liberté dans le 16e arrondissement de Paris. « Chief » Inoni y est logé dans un petit appartement meublé par le gouvernement camerounais.