Depuis fin janvier 2016, la région de l’Extrême-Nord, dans son ensemble, vit au rythme des coupures intempestives de l?énergie électrique. Une situation difficile que traversent les populations, surtout en cette période de grande chaleur. Le hic est que malgré les délestages quasi quotidiens, les factures servies aux clients ne semblent pas refléter leur vraie consommation.
Celles des mois de février et mars notamment, suscitent leur colère. A en croire plusieurs d’entre eux, les montants de leurs consommations en énergie électrique sont passés du simple au double, voire au triple.
«Je suis désagréablement surpris par la facture de ma consommation d’électricité. Généralement, les montants de mes factures oscillent entre 10 000 et 25 000 Fcfa au maximum. Ma consommation n’a jamais atteint 30 000 Fcfa. Mais pour le mois de mars, on m’a servi une facture de 59 400 Fcfa. Je n’ai pas acheté d’autres appareils chez moi qui consomment de l’électricité. Je ne sais pas sur quelles bases les agents d’Eneo ont calculé ma consommation. J’ai pourtant passé presque la moitié de ce mois de mars sans lumière à cause des délestages», fulmine Alain Todou.
Cet électricien du quartier Pitoaré à Maroua, n’est pas le seul client à avaler la pilule amère des factures «fantaisistes» servies par la société en charge de la distribution de l?énergie électrique. Non loin de lui, notamment au quartier Baoliwol, Christian Nouga Matiney s’étonne du montant de sa facture passé de 51 050 Fcfa au mois de février, à 61 320 Fcfa pour le mois de mars. Malgré cette augmentation non justifiée, il est tout de même passé à la caisse.
Comme eux, plusieurs autres clients se plaignent du fait que les montants de leurs factures ont été gonflés. C’est le cas de Patrice Mbossa. Habitué à payer ses factures entre 5000 et 10 000 Fcfa, Eneo lui a servi une facture de 18 578 Fcfa pour le compte du mois de mars. Situation quasi similaire pour Abdoulkarim du quartier Kakataré, dont la facture est passée de 2300 à 9625 Fcfa.
«Depuis plus de 3 mois, je n’ai jamais eu trois jours de courant de façon régulière au cours d’une semaine. Mais voilà qu’on me sert une facture fabriquée. Il s’agit ni plus, ni moins que de la filouterie», tempête-t-il. Un autre client d’Eneo, étonné par ses factures de ces deux mois, appelle l’Etat à s’intéresser véritablement à ce secteur qui nourrit de plus en plus la grogne des populations.
Une grogne, selon lui, qu’il faudrait étouffer dans l’oeuf avant que ne se produise le pire. Ceci, en permettant aux Camerounais d’avoir régulièrement de l?énergie électrique, mais surtout qu’Eneo cesse de servir à ses clients des factures qui fâchent.
«Eneo est la seule société au Cameroun qui ne respecte pas les termes de son contrat avec ses clients, mais ces derniers sont obligés de subir les conséquences. Eneo ne nous donne pas la lumière, mais à la fin du mois, nous sert une facture que nous sommes obligés de payer. A défaut de quoi, le courant est suspendu. C’est dommage pour un pays comme le Cameroun qui se donne pour ambition d’être émergent d’ici 2035. L’émergence ne se fait pas sans électricité», conseille-t-il.
Ce jeune du quartier Domayo est remonté contre la note salée de ses factures. Lesquelles sont passées de 3 706 Fcfa au mois de février, à 14 482 Fcfa au mois de mars. Dans les localités reculées de la région, de nombreuses plaintes fusent aussi.