Au 30 juin 2024, les investissements réalisés dans le cadre de partenariats public-privé (PPP) au Cameroun ont atteint un montant estimé à 4 895,1 milliards de FCFA, représentant environ 16,2 % du produit intérieur brut (PIB) du pays, selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA). Ce chiffre, révélé dans la dernière note de conjoncture mensuelle de la dette publique publiée le 19 juillet dernier, témoigne de l'importance croissante des PPP dans le financement des projets d'infrastructure au Cameroun.

Cependant, cette estimation ne prend pas en compte le projet ambitieux de construction de la voie ferrée reliant le Cameroun au Congo, un projet colossal dont le coût total est évalué à 5 400 milliards de FCFA. Ce projet englobe notamment la construction du Terminal minéralier du Port de Kribi pour 202,4 milliards de FCFA et la liaison ferroviaire Mbalam-Port de Kribi, chiffrée à 2 001 milliards de FCFA pour la partie camerounaise.

En parallèle, la stratégie du gouvernement concernant certains projets a évolué. Le financement initialement prévu sous le régime des PPP pour la construction de 14 postes de péage automatiques, estimé à 30 milliards de FCFA, a été réorienté vers un nouveau mode de gestion contractuelle. Cette décision a été communiquée en février 2024 au groupement français Fayat (Razel Bec) et Egis (Egis Projects) par le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi. Le ministre a informé Philippe Serain, président de Tollcam Partenariat SAS, de la résiliation du contrat, indiquant la volonté de l’État de prendre en charge ce projet en pleine propriété.

Le portefeuille des PPP au Cameroun se répartit en trois grandes catégories : les PPP concessifs, qui représentent 93 % du total, les PPP mixtes à hauteur de 5,6 %, et les PPP à paiement public, qui comptent pour 1,4 %. Au total, le Cameroun a signé 15 projets sous ce mode de financement.

Afin de renforcer le cadre réglementaire des PPP, une nouvelle loi régissant les contrats a été promulguée par le chef de l’État en juillet 2023. Cette législation vise à améliorer la mise en œuvre des PPP en réduisant les risques et en alignant les pratiques du pays sur les standards internationaux. Lors de la présentation de cette loi à l'Assemblée nationale le 13 juin 2023, le ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, a souligné qu'elle s'inscrit dans le cadre du Programme économique et financier (PEF) en cours avec le FMI. Il a également précisé que cette loi vise à soutenir le développement des infrastructures et à créer des emplois, tout en diversifiant les sources de financement pour les projets d'infrastructure dans le cadre de la Stratégie nationale de développement 2030 (SND30).