La nouvelle campagne cacaoyère lancée à Konye dans le Sud-Ouest s?annonce sous le signe de l?embellie. Mais, des menaces sur la qualité persistent.
Les acteurs de la filière cacao se sont retrouvés à Konyé, département de la Meme, région du Sud-Ouest, le 3 août, pour le lancement de la campagne cacaoyère 2016-2017. Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, en compagnie du ministre délégué auprès du ministre de l?Agriculture et du Développement rural, Clémentine Ananga Messina, a effectué le déplacement pour présider la cérémonie. Plusieurs personnalités et acteurs de premier plan ont pris la parole pour faire le point sur la filière. Tous les orateurs se sont félicités de l?embellie observée dans le secteur. D?abord, au niveau du prix : l?on est passé de 640 F le kilogramme en 2006 à 1600 F en 2016. Les producteurs espèrent qu?ils pourront vendre le kilogramme à 1650 F en 2017.
La production est également en nette croissance depuis une décennie. En 2016, la production est évaluée à 269 497 tonnes. L?on est bien loin de la production de 2006 qui était de 183 297 tonnes. Ces données ont le mérite de redonner, en principe le sourire aux producteurs, qui, à un moment, avaient tourné le dos à leurs plantations.
Les analyses prospectives s?accordent à dire que la barre de 600 000 tonnes envisagées en 2020 est réalisable, si la tendance actuelle et les efforts consentis par les acteurs sont maintenus. Mais, plusieurs écueils se dressent sur le chemin des producteurs de cacao pour empêcher l?atteinte des résultats escomptés. Au premier rang de ces difficultés, l?on retrouve la pourriture brune qui hypothèque un rendement optimal de la production cacaoyère. Les changements climatiques et l?abondance des pluies dans certains bassins détériorent la qualité du cacao. Les techniques de séchage, obsolètes, ne permettent pas de conserver la récolte.
Et ces problèmes sont dans presque tous les grands bassins de production nationale : Sud-Ouest, Est, Littoral, Centre, Sud, Ouest? Au plan international, les grands pays producteurs de cacao ont développé des nouvelles variétés de cacao à haut rendement, lesquelles variétés tardent à être expérimentées dans nos plantations. La faible quantité de production localement transformée est une autre source d?inquiétude, parce que notre cacao est exporté à l?état brut. Par exemple, 239 716 tonnes ont été exportées en 2016.
La transformation locale est insignifiante. Enfin, le phénomène de coxage, entretenu par des circuits informels d?achat, persiste dans les bassins de production. Cette pratique floue les producteurs locaux et empêche l?Etat de recouvrer certaines taxes et d?injecter toute la production nationale dans les circuits formels. Du coup, le classement de notre pays est ainsi biaisé au plan mondial. Les producteurs fondent beaucoup d?espoir sur l?organisation du forum prévue demain à Kumba, pour faire le point sur les menaces qui pèsent sur cette filière. Et les acteurs ont intérêt à exploiter le plan de relance proposé au lendemain du lancement de la campagne cacaoyère, pour améliorer la qualité et augmenter la quantité du cacao.
La qualité et la quantité du cacao camerounais sont à promouvoir.