Infos Business of Monday, 19 October 2015

Source: Le Quotidien de l’économie

Nganou Djoumessi, nouvel administrateur des routes

Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration

Il va désormais moins prêter attention à sa présentation physique, lui qui jusque-là avait un malin plaisir à soigner son apparence physique, lors de ses sorties publiques. Emmanuel Nganou Djoumessi, le tout nouveau ministre des Travaux publics, depuis le décret présidentiel du 02 octobre dernier devra un tout petit peu oublier les salons feutrés et climatisés de son cabinet ministériel à Yaoundé, pour arborer botes et casques, et affronter la rudesse du climat dans les nombreux chantiers routiers qui piétinent en ce moment au Cameroun.

Il ne sera peut-être pas uniquement le ministre des routes, ce d’autant qu’il est assisté qu’un Secrétaire d’Etat chargé des routes, mais il reste évident que les dossiers de construction des routes sont ceux-là qui ont le plus emporté plusieurs ministres en charge des Travaux publics ces derniers temps. Le cas de Messengue Avom, avec la route Ayos-Bognis et Patrice Amba Salla, avec l’autoroute Yaoundé-Douala, la route Sangmélima-Bikoula, etc., en sont quelques exemples patents.

Dans le bourbier des indemnisations Surtout qu’Emmanuel Nganou Djoumessi, dans ce département ministériel, n’aura certainement pas d’état de grâce, avec tous ces chantiers routiers qui battent de l’aile au Cameroun. L’autoroute Yaoundé-Douala a du mal à avancer à cause des populations riveraines qui refusent de libérer l’emprise du chantier du fait du non-paiement des indemnisations. La même exigence a mis pratiquement à l’arrêt le chantier de construction de la route Sangmélima-Bikoula, l’une des portions de la route transnationale devant la ville de Sangmélima au Cameroun à celle de Ouesso en République du Congo.

Un autre projet presqu’aujourd’hui abandonné du même fait, c’est celui de bitumage de la route Sangmélima-Mengong, toujours dans la région du Sud, l’un des projets routiers annoncés en grande pompe par le président de la République lors du Comice agropastoral d’Ebolowa. Emmanuel Nganou Djoumessi devra donc preuve de ses talents de négociateur, pour lever ces goulots d’étranglement qui ont mis à mal la poursuite de nombreux chantiers routiers au Cameroun. Lui qui durant son passage au ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire, a eu à faire montre de ce talent pour négocier au nom de l’Etat du Cameroun, de nombreux de contrats de financement avec ses partenaires techniques et financiers.

Descendre sur le terrain

Pour cela, Emmanuel Nganou Djoumessi, va donc devoir renouer avec le terrain, comme dans les années où il était « Chef de terre », de 1985 à 2000, en occupant respectivement les postes de premier adjoint préfectoral de Kumba, dans le département de la Mémé, sous-préfet de Ngoulemakong dans la région du Sud, puis Secrétaire général de la région de l’Ouest, avant de se voir confier la responsabilité de gérer les départements de la Menoua en tant que préfet de 1995 à 1998, celui du Koung-Khi, dont le chef-lieu est Bandjoun, de 1998 à 2000. Cette longue expérience d’homme de terrain devrait lui servir pour adresser cet épineux problème des indemnisations des populations riveraines des chantiers routiers.

Et peut-être avait-il déjà pressenti que le poste de ministre des Travaux publics pourrait lui être attribué, lui qui avait désormais choisi de délocaliser les cérémonies de signature des conventions de financement de certains projets de Yaoundé. C’est le cas par exemple avec la route Batchenga-Lena, où les conventions de financement ont été signées entre le Cameroun et ses partenaires à Yoko, dans le chef-lieu du département du Mbam-et-Kim. Il en est de même de la route Kumba-Manfé, avec la signature des conventions de financement à Kumba.

Mais également, le nouveau ministre des Travaux publics, toujours en rapport avec ce problème des indemnisations devra mettre à profit, les longues passées à la Primature, comme Secrétaire général adjoint des Services du Premier ministre, de 2000 à 2011, soit en tout 11 ans. Ce passage à l’ « Immeuble étoile » devrait lui permettre de mieux cerner les difficultés, qui pour le moment, entourent la signature des décrets des indemnisations dans cette administration. Car, comme le décriait déjà l’ancien occupant du poste de ministre aux Travaux publics, Patrice Amba Salla, la lenteur dans le traitement des dossiers des indemnisations est l’une des causes de leur non-paiement.

La CAN dans l’urgence

C’est vrai, Emmanuel Nganou Djoumessi, cet administrateur civil principal, diplômé de l’Ecole nationale de la magistrature (Enam) aura fort à faire avec les chantiers routiers durant son bail au ministère des Travaux publics. Mais en sa qualité d’ingénieur de l’Etat, qui doit contrôler l’exécution des travaux de construction des bâtiments publics conformément aux normes établies, il sera attendu dans l’urgence sur les chantiers des Coupes d’Afrique des nations 2016 et 2019 que le Cameroun doit organiser. C’est notamment le cas avec la réhabilitation du stade Omnisports de Yaoundé et la construction des voies d’accès au stade de Limbé, dont les marchés viennent d’être attribués par le ministère des Marchés publics, pour la CAN féminine de 2016.

Outre ces urgences, le nouveau Mintp ne saurait se départir des autres missions régaliennes de ce département ministériel. Notamment, l'entretien et de la protection du patrimoine routier, la supervision et le contrôle technique de la construction des bâtiments publics. Ce, en effectuant toutes études nécessaires à l'adaptation aux écosystèmes locaux de ces infrastructures, en liaison avec le ministère chargé de la Recherche scientifique, les institutions de recherche ou d'enseignement, et tout autre organisme compétent.

Mais également en apportant son concours à la construction et à l'entretien des routes, y compris les voiries urbaines, en liaison avec les départements ministériels compétents. Il devra tout aussi concourir à la formation professionnelle des personnels des travaux publics, en assurant la tutelle de l'Ecole nationale supérieure des Travaux Publics, du Parc national de matériel de génie civil et du Laboratoire national de génie civil.