Infos Business of Friday, 14 September 2018

Source: actucameroun.com

Ngaoundéré: les populations face aux billets de banques déchirés

Ces billets et pièces sont parfois à l’origine des discordes entre vendeurs et acheteurs Ces billets et pièces sont parfois à l’origine des discordes entre vendeurs et acheteurs

Il ne fait plus aucun doute. Dans la ville de Ngaoundéré, se présenter dans une boutique ou dans une échoppe avec un billet de banque déchiré ou une pièce de monnaie dont les inscriptions sont illisibles pour acheter un article, c’est comme chercher les «problèmes». Les boutiquiers ou tout autre vendeur n’hésitera pas à vous lancer à la face: «monsieur/madame votre billet ou pièce n’est plus valide. C’est déchiré ou les numéros sont effacés». Ce qui conduit très souvent à des éclats de voix.

«Je me suis présenté dans une boutique pour acheter le nécessaire pour mon petit déjeuner avec un billet de 1000 FCFA qui était déchiré juste un peu, mais le boutiquier a refusé. Il me demande de changer le billet comme si c’est moi qui fabriquais l’argent», déclare Saïdou Abdou, habitant de la ville de Ngaoundéré.

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Des cas comme celui-là se comptent par centaines dans la ville de Ngaoundéré. Parfois, pour faire passer ces billets défectueux, leurs détenteurs sont obligés de faire des achats au-delà de ce qu’ils voulaient ou même se rendre dans les grandes boutiques où les grossistes peuvent facilement ramener ces billets dans les banques.

«Moi, je n’ai pas de problèmes avec ces billets. L’argent n’est pas un objet que je vais garder longtemps. Aujourd’hui c’est chez moi demain je le passe à une autre personne. Inutile de refuser», déclare Alioum propriétaire d’une alimentation.

Si les billets de banque sont à l’origine des discordes, que dire des pièces de monnaie. Celles-ci sont aussi sources des mésententes entre clients et vendeurs, surtout si les clients n’ont pas présenté l’état de la pièce bien avant de consommer. Même les vendeuses de beignets-haricot-bouillie, les call boxeurs et autres moto-taximen. Difficile de faire passer ces billets de banque et pièces de monnaie.

De plus en plus, on rencontre dans la ville des personnes qui collectent ces billets déchirés moyennant une certaine réduction sur la valeur de ceux-ci. Elles vont de quartier en quartier, faisant parfois usage de sifflet pour marquer leur passage, et les détenteurs des billets qui ne passent plus dans les boutiques les leur remettent.

«C’est une activité que j’exerce depuis des années. Je voyage de ville en ville, parfois dans les villages pour collecter ces billets. Tout dépend de l’état du billet en question. Quand c’est trop détérioré, je peux vous donner le 1/5 de sa valeur ou même la moitié. Comme ça, quand j’atteint un niveau, je ramène à la banque (BEAC) à Garoua ou même à Yaoundé. On me donne de nouveaux billets. Je parviens à nourrir mes enfants, les envoyer à l’école avec cette activité», lance papa André, visiblement satisfait de son boulot.

Dans la ville, ce père de famille a une renommée au point où même les enfants le maitrisent. L’appellation «billet déchiré» lui colle pratiquement à la peau. «Dans les quartiers, on me connait plus sous le nom de «billet déchiré» ». A côté de la collecte des billets déchirés, il vend aussi des insecticides, les anti-souris, etc. Ce qui lui permet parfois de procéder à des échanges simples contre les produits.

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Les pièces de monnaie quant à elles n’ont pas assez d’alternative lorsqu’elles s’abiment. Les détenteurs de celles-ci n’ont pour seules solutions que de les garder ou se rapprocher des grossistes qui peuvent facilement les écouler.

En attendant de trouver des moyens de contournements du refus de ces billets de banque et pièces de monnaie défectueuse, les habitants de Ngaoundéré continuent à faire face à ces questions même si dans le code pénal camerounais le refus de la monnaie constitue un acte repréhensible en son article 223, qui punit d’un emprisonnement de 10 jours à 3 mois et d’une amende de 1.000 FCFA à 100.000 FCFA ou de l’une de ces deux peines toute personne qui refuse une monnaie légale en cours dans le pays.