• Des pompistes dans certaines stations-service ont instauré le monnayage
• Si tu veux le super de 10 000 francs, tu ajoutes 1000 francs au pompiste
• Des témoignages du genre sont légion
La pénurie de carburant qui frappe de plein fouet les villes du Cameroun a ouvert un nouveau filon de corruption
Un tour dans certaines stations (Tradex, Total, Pétrolex) des quartiers Nkoldongo, Biyem-Ayissi et Essos permet de constater que la pratique est réelle. Mais les informations recueillies montrent qu’il s’agit des actions menées par les pompistes eux-mêmes à l’insu des gérants de stations-service. « Si vous ne faites pas comme ça, vous ne serez pas servi. Le carburant est rare. Avant c’était le gasoil qu’il n’y avait pas. Aujourd’hui, même le super est devenu très rare », déclare un pompiste pour justifier le monnayage du service. Une situation qui crée de fait une hausse des prix. Pourtant les prix homologués sont : 630 FCFA le litre pour le super ; 350 FCFA le litre pour le pétrole lampant et 575 FCFA le litre pour le gasoil.
« À une station Tradex à Bastos, j’ai dû payer 1000 francs de plus à un pompiste pour être servi. C’est d’ailleurs devenu la règle si tu veux le carburant. Si tu veux par exemple le super de 10 000 francs, tu ajoutes 1000 francs au pompiste pour espérer consommer », révèle un automobiliste. Des témoignages du genre sont légion. Des consommateurs affirment avoir payé entre 500 et 1 000 FCFA aux pompistes pour être servis dans certaines stations-service.
Depuis le weekend du 23 juillet, des pompistes dans certaines stations-service de Yaoundé, la capitale du Cameroun, ont instauré le monnayage pour être servi en carburant, une denrée devenue rare.
En outre, à cause de pénurie, des stations-service ont instauré le rationnement des quantités. Pour les consommateurs du super, le prix maximum d’une commande est de 10 000 FCFA. Pour les utilisateurs du gasoil, le plafond à ne pas dépasser c’est 5 000 FCFA. « On enregistre les plaques d’immatriculation pour éviter qu’un automobiliste qui a déjà été servi revienne se présenter à la pompe », explique un employé dans une station Tradex au quartier Bastos à Yaoundé.
Ces perturbations, selon le ministre de l’Eau et l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, sont dues principalement, à l’importante enveloppe de la subvention des prix à la pompe qu’il faut mobiliser en temps réel pour assurer les importations des produits pétroliers.