• La monnaie se fait rare au Cameroun
• Au grand dam des commerçantes
• Calixthe Beyala prend la parole
La romancière franco-camerounaise Calixthe Beyala, née le 26 octobre 1961 à Douala (capitale économique du Cameroun), s’est penchée sur la rareté des monnaies et des billets de 500, 2 000 et 5 000 francs CFA dans le pays dirigé par Paul Biya. Il y a un moment que l’écrivaine panafricaine a fait le constat de la disparation progressive des pièces et quelques billets pourtant très prisés par les citoyens. Elle a enfin brisé le silence sur le sujet.
Dans sa récente intervention, Calixthe Beyala a parfaitement résumé le calvaire que vivent les populations. Il n’y a plus de pièces pour faire la monnaie sur le marché camerounais, souligne-t-elle.
Il se passe quelque chose au Cameroun, on ne sait pas quoi. D’abord, il n’y a plus de pièces pour faire de la monnaie, partout sur le marché. La vendeuse de beignets refuse votre billet de 500 francs parce qu’elle ne peut pas vous rembourser 200 francs après un achat ; la vendeuse d’avocat aussi. La vendeuse de poissons n’a pas 2 000 à vous rendre si vous lui donnez 5 000 pour un tas de poissons de 3 000 ; vous ne pouvez plus jeter cent francs dans l’obole de ce mendiant parce que vous n’avez pas de monnaie.
A l’essencerie, on refuse votre billet de 10 000 francs parce que vous souhaitez acheter de l’essence à hauteur de 5 000. Au tout début de cette histoire de monnaie, on nous avait dit que c’était de la faute des Chinois. Qu’ils avaient volé les pièces pour les ramener chez eux : nous avions accepté.
Mais la question est la suivante : est-ce aussi la faute des chinois si les billes de 500, 1 000 et 5 000 ont disparu dans le pays ? Il conviendrait qu’on dise la vérité au peuple. Cette pénurie de monnaie bloque le commerce. Elle coupe toute la chaîne des échanges économiques dans un pays où le taux de bancarisation est si faible. Elle appauvrit, elle paupérise.
Le gouvernement se doit d’agir au plus tôt. Et ne venez surtout pas me dire que j’aurais retourné ma veste parce que je n’aurais pas eu de poste. Je n’ai jamais demandé un poste à quiconque et je n’ai jamais été d’un parti politique. Etre nommée ne changera rien à ma stature de romancière. Je suis libre. J’ai toujours dit ce que je pense afin d’améliorer mon environnement. C’est mon job en tant qu’intellectuelle.