Infos Business of Friday, 20 November 2015

Source: cameroon-tribune.cm

Perturbations sur le calendrier agricole

Tracteur utilisé juste à titre d'illustration Tracteur utilisé juste à titre d'illustration

Arrivée tardive des pluies, prolongement des saisons sèches, les agriculteurs de plus en plus confus sur le meilleur moment pour les semis. La sécurité alimentaire menacée. Ce qui était avant une certitude pour les agriculteurs camerounais devient de plus en plus insaisissable : les saisons. Elles étaient autrefois connues et délimitées dans le temps. Deux saisons sèches et deux saisons des pluies dans la partie méridionale du pays.

Une grande saison des pluies qui commençait en août pour s’achever le 15 novembre. Une petite saison des pluies qui allait de mars à juin. La petite saison sèche elle, allait du 15 juin jusqu’à la mi-août et la grande saison sèche s’étendait du 15 novembre jusqu’au 15 mars. Du fait des changements climatiques, ce calendrier n’existe plus. « En effet, les saisons pluvieuses au Cameroun sont soumises aux aléas de la pluviométrie parce qu’elles commencent parfois très tôt, obligeant les paysans à semer précocement ; quelquefois aussi elles débutent très tard ou s’interrompent brusquement, déterminant une deuxième campagne de semis », confiait récemment Hele Pierre, ministre en charge de l’Environnement dans une interview accordée à CT.

L’agriculture est l’un des secteurs les plus touchés par les effets néfastes du dérèglement climatique. De nombreuses cultures à l’instar du maïs, du haricot, des légumes et du cacao en sont victimes. Au point où, il est désormais conseillé aux paysans d’observer deux à trois pluies avant de semer. Cette instabilité de la pluviométrie a pour corollaire, une baisse de la productivité. « La culture du maïs est de plus en plus risquée à cause de la pluviométrie », explique Emmanuel Tang, encadreur des producteurs dans le département du Mbam-et-Inoubou, région du Centre.

« La longue période de chaleur empêche les plants de s’épanouir et de se développer. Conséquence, on se retrouve avec de petits fruits», relate Simon Massinga, producteur d’ananas dans la même zone qui a observé une diminution du volume des fruits récoltés. Le changement climatique représente une menace pour la sécurité alimentaire. En effet, dans la région de l’Extrême-Nord notamment, le déficit céréalier a été estimé à près de 200 000 tonnes cette année, en hausse de 70 000 tonnes par rapport à 2014, en raison d’une « situation pluviométrique catastrophique ».

En septembre dernier, lors d’une réunion du Comité de supervision de la gestion des menaces de crise alimentaire dans cette région, M. Abakachi, ingénieur agronome-économiste, par ailleurs, délégué régional de l’Agriculture et du Développement rural de l’Extrême-Nord confiait que la campagne agricole 2015-2016 en cours, se déroule dans une atmosphère fortement perturbée par l’installation tardive des pluies dans l’ensemble de la région.

Faisant remarquer que la longue période de sécheresse observée jusqu’au 25 juillet a entraîné une réduction considérable des emblavures par rapport à l’an passé, avec plus de 70% de semis tardifs. Face à ces changements, l’heure est à l’adaptation, notamment en termes de semences améliorées et de techniques d’irrigation pour contrer les effets sur les rendements.