Le plaidoyer initié depuis plusieurs mois auprès des autorités camerounaises par les communautés riveraines des forêts et la société civile, lequel plaidoyer s’est intensifié à la veille de l’examen de la loi de Finances 2016 par le Parlement, n’a pas porté de fruits.
Après la suppression, en 2015, des 10% représentant la quote-part des communautés riveraines sur l’enveloppe de la redevance forestière annuelle (RFA), une circulaire que vient de rendre public le ministre des Finances confirme cette suppression pour le compte de l’exercice budgétaire 2016.
En effet, prescrit la circulaire ministérielle datée du 31 décembre 2015, la redevance forestière annuelle versée par les exploitants forestiers sur les unités forestières concédées par l’Etat, est désormais repartie ainsi qu’il suit : 50% pour l’Etat et 50% pour les communes ; dont 10% en guise d’appui au recouvrement à verser aux agents dédiés, 36% à verser au Feicom, la banque des communes, et 4% à percevoir directement par les communes abritant les forêts exploitées.
Pour rappel, la gestion de la quote-part des communautés riveraines sur l’enveloppe de la redevance forestière a souvent suscité de nombreux conflits entre villageois et membres du comité de gestion. Les derniers étant généralement accusés de gérer cette manne sensée permettre de réaliser des projets de développement, au mieux de leurs propres intérêts, et au détriment de la communauté.
Dans le même temps, la part de la RFA reversée directement aux communes n’échappe pas non plus aux démons de la gestion calamiteuse. L’exemple le plus illustratif de ce point de vue est la commune de Yokadouma, située dans la région de l’Est du Cameroun.
Cette commune qui, pendant des années, a obtenu annuellement entre 700 millions et 1,3 milliard de francs Cfa au titre de la RFA, demeure un grand village. Il n’y a pas de route, l’électricité est rationnée entre 5h du matin et 16h du soir, le chantier de la mairie est à l’abandon depuis des années et, cerise sur le gâteau, les agents communaux restent souvent des mois sans salaires.
Un maire de cette commune est d’ailleurs actuellement incarcéré pour des raisons liées à la gestion de cette manne forestière.