Polycarpe Abah Abah, ancien ministre de l'Économie et des Finances du Cameroun (2004-2007), fait partie des figures emblématiques de l'Opération Épervier, cette vaste campagne anti-corruption lancée par le gouvernement camerounais pour lutter contre les détournements de fonds publics. Depuis son arrestation en 2008, Abah Abah a été condamné à plusieurs reprises, totalisant ainsi plus de 30 ans de prison.

Accusé de malversations financières s’élevant à près de 12 millions d'euros, l’ancien ministre a écopé en janvier 2015 d'une peine de 25 ans de prison pour corruption et détournement de fonds publics. Ces faits remontent au début des années 2000, lorsqu'il était directeur des impôts. En plus de cette peine, Polycarpe Abah Abah a été condamné à six ans supplémentaires en 2012 pour évasion, après avoir profité d'une sortie médicale pour tenter de fuir.

Ce haut fonctionnaire reste encore visé par plusieurs affaires, notamment la gestion de la redevance audiovisuelle, toutes examinées par le Tribunal criminel spécial (TCS), la juridiction chargée de juger les détournements impliquant de hauts responsables. Le 20 décembre 2022, il a été condamné pour la sixième fois depuis son incarcération, renforçant ainsi son statut d'une des figures les plus lourdement sanctionnées par l’Opération Épervier.

D'ailleurs Jeune Afrique se demande si au Cameroun, Polycarpe Abah Abah aurait-il écopé de 81 ans de prison pour avoir eu trop d’ambition ?

Son épouse lui a rendu hommage dernièrement, voici son hommage :

« Triste anniversaire: 31 mars 2008 – 31 mars 2023. Cela fait 15 longues années que Polycarpe Abah Abah a déjà passées en prison, condamné dans le cadre de nombreuses procédures judiciaires, pour lesquelles il a toujours clamé son innocence. Aucun observateur averti, de bonne foi, ayant effectivement suivi les procès en accordéon au cours desquels il ressort clairement qu’il a été condamné pour des raisons autres que judiciaires, ne le démentira. Les mêmes affaires ont été disjointes, saucissonnées en plusieurs affaires, conformément à la fameuse stratégie dite du » rouleau compresseur », pour en augmenter le nombre et ainsi le maintenir le plus longtemps possible en prison. Lui-même et nous, sa famille, avons confié toutes ces affaires à Dieu, le Juste Juge. Nous avons la ferme conviction que tôt ou tard, quel que soit le temps que cela prendra, la vérité finira par triompher, et que nos pourfendeurs, déjà bien confondus, répondront devant l’histoire, et surtout devant le Juste Rémunérateur qui a dit : »A moi la vengeance, à moi la rétribution ». Nous ajoutons l’adage populaire qui dit : »La pierre de Dieu écrase lentement, mais sûrement » », a posté Caroline Meva, épouse de l'ancien ministre des finances Polycarpe Abah Abah.