Plumer la volaille est un exercice certes banal, mais aujourd'hui, cet acte prend de l'ampleur dans nos espaces marchands au Cameroun. À l’image de toute activité génératrice de revenus, le plumage des poulets permet aux jeunes qui s’y sont lancés de trouver leur compte. La rareté de cette denrée sur le marché entraine illico presto le chômage technique des plumeurs de poulets pour la plupart des jeunes.
Âgés entre 15 et 27 ans, ces jeunes ont fait du plumage, un travail à plein temps. Pour exercer cette activité les plumeurs se servent d’un couteau pour égorger le poulet et d’un mini fût utilisé pour chauffer de l’eau.
Yaya Issa 22 ans fait partie de ces jeunes. Poulet et couteau à la main, il explique comment s’est-il retrouvé dans cette activité.
« Avant de devenir plumeur, j’étais d’abord un vendeur ambulant. Je vendais des lotus, du menthol et des cache-nez. Après 6 mois de commerce, j’ai constaté que cette activité était pénible et même les revenus étaient maigres. C’est ainsi qu’un ami qui exerçait l’activité de plumage m’a conseillé de venir travailler avec lui. Après ma première semaine j’ai gagné 30 000F sans compter ce que j’avais dépensé. C’est comme ça que j’ai pris goût et j’ai continué à travailler. Aujourd’hui je suis à 3 ans de service de service », raconte le jeune homme en affirmant par la même occasion que le plumage de poulet est un métier porteur.
Les plumeurs de poulets ne sont donc pas épargnés par la rareté et cherté du poulet dans nos marchés. Leurs revenus ont considérablement baissé.
« A l’heure-ci, ça ne va pas. Avant, on pouvait plumer au moins 50 à 80 poulets par jour. On gagnait 5000, voire 8000 FCFA par jour. Maintenant, il n’y a pas de poulets sur le marché, on n’arrive même pas à avoir 2000 FCFA. C’est presque le chômage », déplore Joël Mveng, plumeur de poulets.
Tout le monde épilogue sur les causes de cette pénurie de poulet. Commerçants, restaurateurs, ménagères, éleveurs et responsables de la filière, chacun tient sa raison. Pour Judith Abena, vendeuse de poulets: « c’est la grippe aviaire qui a frappé le secteur l’an passé qui en est la cause. »
Les responsables de l’Interprofession Avicole du Cameroun (l’IPAVIC), évoquent quant à eux le manque d’intrants de base. D’après le président de l’IPAVIC, la source d’approvisionnement en reproducteurs et œufs à couver, c’est l’Europe. Depuis que la crise sanitaire du Covid-19 sévit dans le monde, les vols commerciaux qui transportaient les intrants avicoles ont été fortement réduits entre le Cameroun et l’Europe.
Cette situation s’est aggravée avec l’apparition de la grippe dans les principaux pays fournisseurs du Cameroun depuis le mois de novembre 2020. Par précaution, le Cameroun s’est interdit d’importer les intrants aviaires de base de ces pays jusqu’à ce que leur situation sanitaire change positivement. Croisons les doigts pour nos jeunes plumeurs.