Infos Business of Monday, 11 July 2022

Source: Mutations du 11-7-2022

Reconstruction du NOSO: Paul Biya réclame 40 milliards à la France

La France invitée à tenir ses promesses La France invitée à tenir ses promesses

Le coordonnateur du Plan présidentiel demande à la France de tenir sa promesse en octroyant les 40 milliards Fcfa annoncés par Jean-Yves Le Drian.
Le comité de pilotage du Plan présidentiel de reconstruction et du développement (Pprd) des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NOSO) a tenu sa 4ème session le 08 juillet dernier, dans les services du Premier ministre.

Après le huis clos avec les différents partenaires, le coordonnateur du Plan, Paul Tasong, par ailleurs ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), s’est ouvert aux journalistes pour en savoir davantage sur le financement de la reconstruction, entre autres.

L’auditoire a été ébahi d’apprendre que sur les 89,9 milliards Fcfa initialement exprimés en 2020 pour l’exécution du Ppdr, seulement 11 milliards Fcfa ont été mobilisés jusqu’ici « dont 75% venant du trésor public », a révélé Paul Tasong.
S’agissant des autres partenaires, seul le Japon fait montre d’engagement. Une contribution additionnelle de ce pays ami du Cameroun à hauteur de 900 millions Fcfa est d’ailleurs attendue dans les prochains jours.

« Cela portera la contribution du Japon à 2,4 milliards Fcfa. Ce qui est hautement significatif en terme de symboles. Nous attachons du prix à cette contribution du Japon », a salué le ministre, sans oublier « l’importante contribution du secteur privé national de 1,2 milliards Fcfa ».

Deux poids, deux mesures

En revanche, Paul Tasong ne comprend pas l’attitude des autres partenaires bilatéraux occidentaux, parmi lesquels la France dont l’ex ministre des Affaires étrangères, « Monsieur Jean-Yves Le Drian, avait annoncé publiquement la contribution de la France à hauteur de 40 milliard Fcfa (environ 52 millions d’Euros) ». Jusqu’ici, Yaoundé dit n’avoir pas encore vu une seule trace de la solidarité agissante de Paris.

Aucun kopeck reçu. Le ministre a essayé tant bien que mal de se réfugier dans son discours politiquement correct. Mais‘c’était visiblement plus fort que lui. Il en est même arrivé à faire des remarques tendancieuses. « Le 4 et le 5 juillet 2022, s’est tenue une conférence pour la mobilisation des financements pour la reconstruction de l’Ukraine. Cette conférence s’est tenue à Lugano (Suisse, ndlr).

Il y a un chiffre de 750 milliards de dollars qui est déjà annoncé pour la reconstruction de l’Ukraine. Sans oublier que la guerre en Ukraine est loin de s’estomper. Elle est bien en cours. Des chiffres comme ça sont déjà annoncés. Je ne voudrais pas me permettre quelques interprétations que ce soient. On dit souvent que comparaison n’est pas raison. Je ne voudrais pas avoir tort », développe-t- il. Du deux poids, deux mesures, semble-t-il insinuer.

Pourtant, Paris a toujours exprimé son attachement au Cameroun. Elle semble oublier qu’on ne vit pas que d’amour et d’eau fraîche. En tout cas, Yaoundé attend une preuve d’amour. Sinon, comment comprendre cette solidarité à deux vitesses? Surtout qu’« aucun pays ami du Cameroun, aucune organisation internationale ne s’est prononcé en faveur d’une sécession quelconque, d’un quelconque partage du Cameroun » et que personne ne manifeste sa solidarité.
Par contre, tous ont été de manière unanime à dire que les frontières du Cameroun sont inviolables, tel que dit dans la Constitution (…) Il est important, fondamental et capital que cette position politique prise soit accompagnée par des effets financiers », martèle le ministre. Néanmoins, le gouvernement camerounais garde encore un peu d’espoir.

« Connaissant la solidité des relations entre le Cameroun et la France, nous n’avons aucune raison de douter que cette promesse sera réalisée. Tout simplement, nous nous imaginons peut-être que l’attente était pour s’assurer de ce que nous pouvons le faire. Aujourd’hui nous vous avons prouvé cela largement. Il n’y a plus de doute par rapport à la faisabilité de la mise en œuvre du Plan présidentiel. Nous pensons que cela viendra », a nuancé Paul Tasong.

7 000 élèves et enseignants

Malgré l’indécision de ces partenaires bilatéraux, le Pprd que met en œuvre le Pnud enregistre, cependant, certaines avancées notables depuis son démarrage 18 mois plus tôt. Ces résultats affichent :

– 19 points d’eau réhabilités permettant à 174 476 personnes d’accéder à l’eau potable ;
– 15 centres de santé réhabilités permettant à 5 451 patients d’accéder aux soins ;
– 22 écoles réhabilitées, permettant à plus de 7 000 élèves et enseignants de reprendre le chemin de l’école ;
– quatre ponts réhabilités ;
– 800 documents perdus fournis ;
– plus de 50 médiateurs internes formés à l’engagement des parties prenantes, à la communication efficace et à la sécurité ;
– 12 festivals et événements sociaux et culturels, dont des festivals de cinéma et de musique et des tournois sportifs ;
– cinq centres communautaires soutenus/réhabilités, avec 125 500 bénéficiaires ;
– plus de 2 403 agriculteurs soutenus avec du matériel et des outils agricoles ;
– 53 magasins réhabilités pour relancer l’activité économique ;
– 120 jeunes start-ups soutenues par une formation commerciale, mentorat et financement ;
– 47 coopératives soutenues pour améliorer la production agricole, etc.
En rappel, le Pprd repose sur trois piliers, à savoir la revitalisation de l’économie du NOSO, l’accès aux services sociaux de base, notamment l’éducation et la santé, et de la consolidation de la cohésion sociale. Sur l’importance de la reconstruction de ces deux régions, le représentant résident du Pnud, Jean Luc Stalon fait savoir que « le NOSO représentent entre 7 et 10% du Pib du Cameroun ».