Richard Evina Obam, patron de la Caisse des dépôts et consignations du Cameroun (CDEC), mène une bataille acharnée contre la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). Ces institutions souhaitent placer la CDEC et ses homologues régionales sous la supervision du régulateur bancaire, une perspective inacceptable pour Obam, qui y voit une atteinte à la souveraineté du Cameroun.
Depuis plusieurs mois, Richard Evina Obam multiplie les interventions médiatiques pour défendre sa position. Il dénonce un « activisme révolutionnaire » de la part de la BEAC et de la Cobac, qu’il accuse de vouloir museler la CDEC. Selon lui, ces institutions agissent sous l’influence de « certaines grandes banques » réticentes à transférer les avoirs en déshérence, estimés à plusieurs centaines de milliards de F CFA.
Le 19 février, la CDEC a récupéré plus de 482 millions de F CFA auprès de la Société immobilière du Cameroun (SIC), une petite victoire dans un contexte tendu. Cependant, le bras de fer avec la BEAC et la Cobac reste entier. Le gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui, a réaffirmé la nécessité de superviser la CDEC pour garantir la stabilité financière de la Cemac.
Richard Evina Obam, un fin connaisseur des finances publiques et fiscales, compte sur le soutien de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, pour contrer cette initiative. Une correspondance datée du 1er août 2024, révélée par Jeune Afrique, montre que Ngoh Ngoh a insisté auprès du ministre des Finances, Louis Paul Motaze, pour accélérer le transfert des avoirs en déshérence vers la CDEC.
Alors que la BEAC prévoit de soumettre les propositions du groupe de travail aux ministres des Finances de la région en mars, Richard Evina Obam reste déterminé à défendre les intérêts de la CDEC. Sa croisade, qui mêle enjeux financiers et politiques, pourrait bien redéfinir les rapports de force dans le secteur bancaire camerounais.