Infos Business of Wednesday, 3 February 2016

Source: La Nouvelle Expression

Riz : La difficile équation

Photo d’archive utilisée juste à titre d’illustration Photo d’archive utilisée juste à titre d’illustration

Alors que les autorités parlent d’une chance pour le riz camerounais, les spécialistes en économie du marché évoquent plutôt la manipulation.

Difficile en tout cas d’être à la place des consommateurs parce que ne comprenant pas toujours le théâtre autour d’un des aliments les plus consommés au Cameroun depuis l’adoption de la loi de finances 2016 qui a revu à la hausse les précomptes de 5 à 10% sur les produits de grande consommation et qui fixe à 5% les taxes et droits de douane sur le riz importé.


Pour les analystes, l’équation riz au Cameroun reste toute entière malgré les petites assurances données aux populations sur le maintient des prix tels que pratiqués actuellement dans les marchés. Les arguments servis par les spécialistes montrent à suffisance que la défiscalisation aura un impact sur les consommateurs à long terme, c’est-à dire au terme de 4 mois donnés par les opérateurs de la filière pour écouler leurs stocks. «Les importateurs ont dit maintenir les prix qui sont pratiqués jusqu’à l’épuisement des stocks disponibles.

Mais ceux que l’on ne dit pas, c’est après avoir vidé les magasins, les prix sur le marché vont subir une hausse, encore que les effets sont déjà perceptibles, certaines boutiquent comment à manquer le riz et les quelques sacs disponibles ont subi, une légère augmentation. Le sac de 25k que l’on vendait jusqu’à 9000 Fcfa est à 10 mille Fcfa, lorsqu’on y trouve», explique Joseph Baba, commerçant au marché New-Deido.

Une situation qui explique mal la satisfaction affichée au Ministère du commerce avec les statistiques qui jouent en faveur de la production camerounaise estimée aujourd’hui à 100 mille tonnes par an pour un besoin réel en consommation nationale de 300 mille tonnes annuelle. L’inquiétude est d’autant plus grande parce «Il est difficile de retrouver le riz produit au Cameroun dans les boutiques.

C’est un produit pas du tout visible face aux autres marques importées qui dominent les rayons et les étagères», soutient Félix Etoa Mboua, consommateur et père de famille qui pense qu’il y a urgence «d’accroitre la production en adoptant une politique de développement de la riziculture au Cameroun pour éviter les vagues et la fougue d’une fiscalité qui ne prend rien en compte dans l’élaboration des lois de finances», dit-il.

Un véritable appel à la responsabilité des autorités qui vont certainement être dos face au mur dans les jours à venir. Il va falloir combler l’excédent : «Sur une demande nationale de 300 mille tonnes, les douanes déclarent environ 800 mille tonnes de riz importés par an. Et l’on parle de 100 mille tonnes produites localement. L’excédent est de 500 milles tonnes qui prennent la  direction d’autres pays voisins indexés comme destination finale de ce riz pourtant importé exclusivement pour le marché national.

La faute ne doit pas revenir aux consommateurs qui doivent payer cher», déclare Delor Magellan Kamseu Kamgaing président de la Ligue Camerounaise des consommateurs, qui explique les conséquences futures : «avec l’institution de cette taxe, le prix va avoisiner 550 Fcfa le kilo. Un calcul rapide permet de mesurer l‘ampleur du désastre chez ces consommateurs au faible revenu dans les mois à venir», dit-il avec insistance puisque, «la loi est déjà adoptée et qu’il n y aura pas une session spéciale pour un amendement de la loi de finances 2016 déjà en vigueur», affirme Dieudonné Missomba.

Vers l’assassinat des importateurs

Pour Ludovic Massoh, on court vers l’assassinat des opérateurs puisqu’ «en plus des 5et 10% de précomptes, il y a la TVA et autres taxes qu’il va falloir payer. Ce qui va compliquer davantage le climat des affaires et même la souffrance des consommateurs qui vont devoir payer chèrement certains produits tels que le riz et le sucre», dit l’expert en commerce international qui propose une piste de sortie. «Pour faire sérieux et efficace, il faut une loi rectificative pour sauver le marché camerounais qui risque connaitre une inflation de grande envergure», soutient-il.