En mission au Gabon, du 18 au 22 mai, dans la cadre de la coopération maritime, le commandant du patrouilleur camerounais, CNS La Sanaga,le Capitaine de Frégate Jean Blondel Ngbwa, évoque dans cet entretien les axes de la collaboration pour la sécurisation de l’espace maritime des deux Etats
Gabonreview : Le patrouilleur camerounais, CNS La Sanaga est à Libreville. En quoi consiste votre mission au Gabon ?
Capitaine de Frégate Jean Blondel Ngbwa : Merci pour l’opportunité que vous nous donnez d’expliquer la présence du patrouilleur CNS (Cameroon Navy Ship) La Sanaga à Libreville. Le patrouilleur CNS La Sanaga est déployé dans le cadre d’une tournée régionale pour l’architecture de sureté et de sécurité maritime dans le Golfe de Guinée. Notre mission consiste tout simplement à venir dans le cadre des échanges avec la marine gabonaise. Vous savez, le Golfe de Guinée est menacé. Le Gabon et le Cameroun se retrouvent tous aux confins de ce Golfe de Guinée. C’est la raison pour laquelle nous devons conjuguer nos efforts, combiner les forces, créer une force coercitive dans le cadre de la lutte contre la violence dans cette zone.
Qu’apporte ce contact avec vos collègues du Gabon ?
Il faut déjà noter que ces contacts sont excellents. Nous avons été reçus par le Contre-amiral, chef d’Etat major de la marine gabonaise. Nous lui avons expliqué ce pourquoi nous sommes venus. Il nous a rassurés et nous allons travailler ensemble dans le cadre de la formation, de l’entrainement et de l’instruction afin de faire un bloc pour ne plus évoluer en singleton, encore moins en vase clos ou en rang dispersé. Il faut également dire que ce genre de missions nous permet de montrer que nous sommes avec les pays frères avec lesquels nous partageons en commun les mêmes problèmes, les mêmes difficultés. Nous devons donc, ensemble, faire face à ces problèmes. Il nous faut la mutualisation des efforts.
Que représente ce type de navire dans l’armée camerounaise et précisément dans la Cameroon Navy Ship ?
Depuis un certain temps, le Cameroun est en train de monter en puissance. Une montée en puissance dans le cadre du contrôle de ses eaux. On voudrait également étendre cette puissance dans le cadre de la sous-région. Une sous-région menacée comme je l’ai dit tantôt par tous les actes illicites qui minent notre espace maritime. C’est la raison pour laquelle, pour le moment, le Cameroun a du répondant dans le cadre de la dissuasion. Il faut de la force pour maitriser cette violence. Parmi ces violences, la pêche illégale et non-réglementée, non-déclarée reste aujourd’hui la menace la plus dangereuse. Elle a pris de l’ascendant. Ce qui fait que la piraterie maritime est désormais reléguée au second plan. La pêche illégale non-réglementée et non-déclarée est très dangereuse. Lorsque les chalutiers pêchent dans les zones interdites, des zones de reproduction des espèces rares, au moment où ils raclent tout sur leur chemin, il est clair que d’ici quelque temps, on aura un écosystème où on ne retrouvera plus d’espèces rares.
Parlez-nous de votre navire ?
Je ne voudrais pas m’étaler sur les caractéristiques, mais je vais vous donner deux choses qui marquent la puissance ou la valeur de ce navire. Il y a la puissance de feu et ce navire est en mesure d’entrer dans les hauts fonds ou dans les bas fonds en fonction des moyens dont il dispose. C’est pour cela que nous avons une embarcations de service qui peut prendre 12 personnes afin de poursuivre la cible hostile qui se retrouve dans les hauts fonds, c’est-à-dire là où le gros ne peut pas arriver. Ce navire a une particularité, s’il est menacé ou attaqué, il est en mesure d’atteindre le port d’attache avec un moteur. Nous avons donc 4 moteurs, 4 lignes d’arbre, 4 hélices et 4 gouvernails ainsi que des groupes électrogènes qui nous permettent d’être autonomes avec un tonnage de 528. Nous avons beaucoup de faits d’éclat depuis que nous avons ce navire. Il y en a eu au niveau de la pêche illégale, de l’immigration clandestine, de la contrebande et de la contrefaçon.
Et la puissance de feu ?
Nous avons en avant un canon de 37 mm qui peut traiter les échos antiaériens, mer-mer, air-air, mer-air et mer-terre. Ce Canon est relayé en arrière par 4 bitubes de 14,5mm. Nous avons ainsi à contrôler une circonférence de 360°. C’est-à-dire que nous avons une assurance ferme de pouvoir traiter tous les échos. L’écho la plus vulnérable étant la cible aérienne.
Un message aux Gabonais et Camerounais qui découvrent ce navire?
Confiance! La marine est en pleine montée en puissance et a actuellement du répondant pour tout ce qui est de nature à compromettre la libre circulation des biens et des personnes dans le Golfe de Guinée en général et particulièrement dans la zone où le Gabon et le Cameroun partagent la frontière maritime la plus élevée.