Entre 2020 et 2024, l'État camerounais a déboursé 48,4 milliards de FCFA pour rémunérer les directeurs généraux, directeurs généraux adjoints et présidents de conseils d'administration des entreprises publiques. Sur ce montant, environ 37 milliards de FCFA ont été versés à des dirigeants dont les entités présentent des performances médiocres, voire négatives. Ce constat provient d'une analyse réalisée par Viviane Ondoua Biwolé, experte en gouvernance et management.
Dans son rapport intitulé « Combien l'État mobilise-t-il pour la rémunération des dirigeants des entités publiques ? », l'universitaire dénonce une gestion inefficace des fonds publics. Elle révèle que sur les 112 entreprises étudiées, seulement trois ont amélioré leurs performances, tandis que la majorité stagne ou régresse, dégradant ainsi la valeur des entreprises. Au total, 16,1 milliards de FCFA ont été alloués à des dirigeants d’entreprises en stagnation ou en déclin, contre seulement 2,2 milliards pour ceux ayant créé de la valeur.
La situation est tout aussi préoccupante pour les établissements publics. Sur les 75 entités analysées, 63 sont en stagnation et six en régression. Ces dirigeants ont perçu une rémunération globale de 20,8 milliards de FCFA, tandis que les rares entités performantes ont généré à peine un milliard de FCFA en salaires.
De plus, le rapport indique une violation flagrante de la législation en vigueur : 43 présidents de conseils d'administration continuent d'exercer leurs fonctions de manière illégale, tout en percevant 634 millions de FCFA en salaires indus.