Infos Business of Friday, 7 August 2015

Source: La Nouvelle Expression

Sucre: les marques Camerounaises se font rares au nord

Sugar Sugar

Certains ménages et autres gros consommateurs n’ont cessé de faire cette observation dans le grand ravitaillé jusqu’ici en quantité par le Nigéria voisin.

«Comme c’est une denrée de première nécessité, certains opérateurs se sont organisés pour éviter la pénurie. Ils s’approvisionnent au Nigéria. Et le sucre arrive par route et par la Benoué. Comme la circulation est ouverte, les revendeurs de Maroua par exemple et ceux de l’Extrême-Nord viennent acheter le sucre au Nord.»

Ces explications sont faites par un Alhadji Gordo, commerçant résident à Maroua qui nous explique également que le sucre de Sosucam, lorsqu’on en trouve, est en de trop faible quantité et surtout un peu plus cher : «les prix varient ici en fonction des périodes. Il m’est arrivé de me ravitailler à Kousseri où j’ai du débourser 38.000Fcfa le sac de 50kg.

Maintenant nous n’avons pas de rupture, et le kilogramme du sucre venant du Nigéria nous coûte 650Fcfa contre 22950 Fcfa le sac de 50kg de la Sosucam. Du moins il faut comprendre que c’est le Nigeria qui régule ce marché ici. Nosuca, Camsuco et autres ne se voient même pas», déclare-t-il.

Tout est donc pour comprendre le caractère variant du marché du sucre et le petit ravitaillement de la Sosucam dans cette partie du territoire camerounais. En dépit des campagnes à grands renforts de publicité faites autour du produit par la plus importante industrie sucrière du Cameroun annonçant l’absence de pénurie. Ici commerçants et consommateurs affrontent la dure réalité de consommer à plus de 85 % le ‘’Made in Nigéria’’.

A la vérité établie, «c’est la résultante d’une situation de monopole voulue par les responsables de la Société qui a le monopole au Cameroun qui font toujours des effets d’annonce en refusant d’admettre leur limite de production. Ils veulent contrôler seuls la filière sucre sans en avoir les moyens techniques et matériels», explique Paul-Edouard Nanna, économiste basé au Brésil.

Pour M. Wadibo, «le Cameroun est un pays où l’on ne pense pas au développement durable. Avec autant d’espace en termes de terres cultivables, au lieu de penser à protéger une industrie locale versée dans la routine de production avec un matériel parfois vétuste, il faut encourager les investissements dans la filière sucre et créer les vastes plantations.

Ceci peut permettre à ce qu’il y ait une réserve importante et viser même la zone Cemac. Ou alors, à défaut, protéger la part de Sosucam, en donnant des quotas importables aux hommes d’affaires qui en sont capables pour éviter la fuite des capitaux. Ce qui se passe au nord par exemple ne profite qu’au Nigeria pas au Cameroun qui perd d’énormes devises encore qu’on ne contrôle même pas les quantités qui entrent», explique l’analyste économiste qui interpelle vigoureusement les conseillers économiques Camerounais.

Le souci est partagé par Louis Claude Toumba. «Le dilemme du Cameroun, c’est qu’il y aune bande de fonctionnaires qui ne savent rien de l’économie mondiale, mais à qui on a confié des responsabilités incroyables. On ne peut donc s’attendre à rien qu’au petit commerce que l’on nous sert au lieu de penser à la super production et aller tutoyer les autres entreprises dans le monde, et mettre le Cameroun dans la véritable voie de développement», soutient-il.

En voyant la proximité avec le Nigéria qui doit plutôt inciter à la grande production et non à la consommation comme c’est le cas actuellement. «C’est un marché hyper important qui devrait même intéresser la Sosucam pourquoi pas. Mais, comme elle reste une petite industrie ne pouvant pas satisfaire la demande nationale, il faut inciter les investisseurs à attaquer les exportations, ne serait-ce que dans la zone Cemac. Il y a des camerounais qui peuvent le faire et qui sont même prêts…sinon, à l’allure où vont les choses, le sucre risque devenir comme les produits pétroliers avec tout ce que cela comporte», pense-t-il à la fin.