Infos Business of Friday, 18 March 2016

Source: camfoot.com

Téléphonie mobile: Menace sur les call-boxeurs

Une call-boxeuse servant une cliente Une call-boxeuse servant une cliente

Il y a des images qui ne trompent pas. Ou du moins qui se passent de tout commentaire.

Notamment celles de ces parasols couvrant des box et sous lesquels des hommes ou des femmes s’adonnent au quotidien à la vente du crédit de communication entre autres. Les « call-box » comme on les appelle communément se sont pour la plupart transformés au fil du temps, en de véritables « miniboutiques » d’occasion.

On ne s’y rend plus uniquement pour effectuer une recharge de crédit, passer un appel téléphonique ou acheter une puce comme il y a une dizaine d’années, lorsque cette activité a démarré, portée par l’ouverture du marché de la téléphonie mobile au Cameroun. Bonbons, cigarettes, biscuits, boissons gazeuses, eaux minérales, entre autres nouveaux produits offerts sous ces parasols semblent avoir ravi la vedette aux téléphones portables.

Seules les affiches renseignant sur les prix de la minute de communication épinglé au parapluie et les tableaux déroulant les montants des bonus pour chaque transfert de crédit selon l’opérateur renseignent l’usager qu’il s’agit bel et bien d’un call-box. Cette mutation observée dans les call-box masque un mal profond chez leurs promoteurs : la baisse « drastique » des bénéfices.

En effet, l’augmentation des marges bénéficiaires sur la distribution des crédits de communication est l’une des principales revendications (13 au total) formulées par le Syndicat des délégués et commerciaux distributeurs des produits des télécommunications au Cameroun (SYDECDIPROTEC) à l’endroit des opérateurs de téléphonie mobile. Cette jeune association (créée en novembre 2015) de défense des intérêts des gérants de call-box, des délégués à la distribution, des livreurs et distributeurs agréés par les opérateurs a lancé un mouvement d’humeur le 7 mars dernier.

Criant à la « manipulation » et à l’ « exploitation » dont ses membres se disent victimes de la part des opérateurs de téléphonie mobile qui se tailleraient la part du lion en termes de profits. Dans les colonnes de CT, Jean Pierre Babayak, président du SYDECDIPROTEC, demande au nom de ses collègues, que la marge bénéficiaire des opérateurs de call-box soit revue à la hausse de 50%. Dans la pratique aujourd’hui, un gérant de call-box gagne 500 F après avoir effectué du transfert de crédit pour un montant de 10 000 F. 237online.com Contre 3000 F il y a une dizaine d’années. Le «zooning,» système de découpage géographique, est aussi indexé.

Pour les gérants de call-box, il doit être supprimé. Le gouvernement n’est pas resté sourd à ces revendications. Une première concertation tenue mercredi 9 mars dernier au ministère des Postes et Télécommunications (Minpostel) en présence des différentes parties impliquées (syndicats, opérateurs, MINPOSTEL, ART) a permis d’aboutir à de premières résolutions visant à apaiser les tensions. Le dialogue ainsi institué a conduit à la suspension du mot d’ordre de grève. Une deuxième concertation s’est tenue mercredi dernier pour suivre le déroulement des résolutions prises.

Nonobstant l’aboutissement heureux de ce différend, il devient plus qu’urgent pour les personnes exerçant dans ce secteur, de questionner l’avenir du call-box (dans sa pratique traditionnelle) au Cameroun, en tant qu’activité génératrice de revenus. En effet, dans un secteur de la téléphonie mobile en proie à l’évolution technologique, la reconversion semble inévitable. Les offres de services développées par les opérateurs de téléphonie mobile aujourd’hui en direction de leurs abonnés éliminent progressivement les intermédiaires dans le circuit de distribution.

Options pour recharge de crédit de communication, superbonus sur les transferts, promotions incessantes sur la minute de communication n’en sont que quelques-unes. Que faire face à l’avancée technologique ? Là réside peut-être le challenge des associations de défense des intérêts de ces opérateurs. L’enjeu étant de préserver les emplois créés jusqu’ici. La menace se trouve donc peut-être ailleurs. Il ne faudrait pas se tromper de bataille, dans un environnement devenu hautement concurrentiel.