Infos Business of Monday, 26 October 2015

Source: cameroon-tribune.cm

TIC : China Unicom, Camtel et Huawei s'engagent

Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration Photo d'archive utilisée juste à titre d`illustration

Le Cameroun réussira-t-il à capitaliser sa position géographique privilégiée au cœur du golfe de Guinée, pour devenir le hub de l’Afrique centrale, c’est-à-dire le lieu où atterrissent, avant d’être dispatchées, toutes les communications Internet haut débit de la sous-région ?

En tout cas, les deux conventions signées le 14 octobre 2015 à Yaoundé, engageant la China Unicom, Camtel et Huawei pour la réalisation du projet de câble sous-marin à fibre optique entre le Cameroun et le Brésil (pays émergent d’Amérique du Sud), d’une longueur de 5 917 km, sont porteuses d’espoir.

L’Etat, à travers Camtel, ayant choisi les sociétés Telefonica et China Unicom, respectivement troisième et quatrième entreprises mondiales de téléphonie, comme partenaires stratégiques pour construire, pendant 24 mois, le tout premier câble sous-marin qui reliera l’Afrique à l’Amérique latine. Dans cette gigantesque œuvre en perspective, le Cameroun et le Brésil vont servir de tête de pont pour le transport des télécommunications électroniques haut débit entre les deux rives de l’Atlantique. Les retombées de la construction et de l’extension de l’infrastructure sont pour le moins alléchantes pour l’économie camerounaise. Le directeur général de Camtel, David Nkoto Emane, n’explique-t-il pas que lorsqu’on regarde l’évolution de l’utilisation de l’Internet dans notre pays, on se rend compte que les câbles existants ne peuvent supporter à terme toutes ces communications, étant donné que ces infrastructures arriveront à saturation dans quelques années.

Conclusion : le câble sous-marin au centre des attentions devrait améliorer la capacité et la couverture nationale des réseaux de Camtel et des autres opérateurs de téléphonie pour fournir des services large bande aux ménages et aux entreprises. Bien plus, tout en permettant le développement d’une industrie des Technologies de l’information et de la communication (TIC) au Cameroun, la réalisation de ce projet va connecter directement le continent africain et le sous-continent sud-américain, sans intermédiaire ni droit de transit.

Analysant la portée du futur ouvrage, Ni Zheng, directeur général de Huawei, rappelle qu’« avant ce projet, toutes les communications Internet de l’Afrique destinées à l’Amérique du Sud transitaient par l’Europe. Mais, une fois que cette initiative sera réalisée, fait-il observer, ces communications seront dirigées directement vers l’Amérique latine.

C’est plus court et plus économique. Camtel aura plus de revenus dans la mesure où l’entreprise pourra louer son câble aux pays voisins. En outre, le Cameroun sera le hub de toute l’Afrique ». Des experts camerounais renchérissent. Ils déclarent que pour acheminer actuellement des contenus (voix, vidéo, données) du Cameroun vers le Brésil, un transit par au moins un point situé en Occident est obligatoire. Les gros nœuds étant Londres, New York, Amsterdam, Washington.

Un cheminement qui présente plusieurs inconvénients : risques d’écoute et d’espionnage car on transite par des infrastructures contrôlées par de grandes puissances dont les intérêts ne sont pas toujours les nôtres, et qui ont ainsi la possibilité d’intercepter et de scanner les données pour en connaître le contenu. Dans ces conditions, la confidentialité des contenus n’est qu’une vue de l’esprit. Tout en soutenant ce genre de projet, nos ingénieurs recommandent d’aller plus loin en définissant par exemple une politique globale pour pouvoir en tirer le meilleur parti.

Autrement dit, il faut que les pays du Sud concernés mettent en place le complément nécessaire, en élaborant des contenus adaptés et intéressants pouvant se substituer à ceux auxquels les usagers dans nos pays sont déjà habitués. Notamment, les serveurs de messagerie, les contenus scientifiques, les sites d’informations générales qui attirent les internautes dans les pays de l’hémisphère sud. Au total, il faut souligner à grands traits que l’intensification de la coopération sud-sud qui structure aujourd’hui la reconfiguration de l’ordre économique mondial, ne profitera pleinement aux pays en développement que s’ils font preuve de plus de créativité, de détermination et d’audace, seuls gages de la reprise en main de leur destin.