Il faut savoir compter sur l’ingéniosité des Camerounais. Depuis près d’un an, il est impossible d’envoyer de l’argent à l’étranger par des canaux ordinaires. Les taxes sont passées par là et les opérateurs veulent fermer boutiques. Et pourtant, il faut continuer à faire des affaires à l’extérieur. « Dans la communauté camerounaise à Dubaï ou en Occident en tout cas partout dans le monde, des voies de contournement existent.
Des particuliers se sont organisés et lorsque vous êtes à l’étranger, il suffit de les contacter. Le principe voudrait que vous leur fassiez tenir de l’argent liquide par vos proches au Cameroun et immédiatement, quelqu’un vous appellera de là où vous êtes et viendra vous donner de l’argent contre commission », renseigne cet habitué du système. Nous avons rencontré d’autres sources qui affirment toutes avoir utilisé ce mode de transfert de fonds en Chine et ailleurs.
Il y a aussi ceux qui utilisent les banques classiques. Ils envoient de l’argent à leurs bénéficiaires dans leur compte bancaire. Mais il faut noter que pour le premier cas, l’Etat perd énormément. En voulant élargir l’assiette fiscale, il la casse carrément au profit des individus d’ailleurs exposés à tout. Car, les risques d’abus de confiance, de vol, d’escroquerie sont importants à ce niveau. Et pourtant, MoneyGram et Western Union ont contrôlé pendant longtemps 50% du marché des transferts d'argent du continent africain avec des commissions de l'ordre de 12%.
Estimés à 60 milliards de dollars par an, selon nos sources, les transferts de la diaspora africaine sont bien plus importants pour le continent que l’aide publique au développement ou les investissements directs étrangers – respectivement de 56 et de 50 milliards de dollars chaque année.
Longtemps dominé par l’américain Western Union, le marché des envois internationaux d’argent vers l’Afrique a été quelque peu bouleversé par l’arrivée de MoneyGram, un autre opérateur venu des États-Unis, actif sur le continent depuis le début des années 2000.