Le contexte actuel est marqué par des débats autour de la "fusion absorption" et la "fusion création" entre le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) et les Entreprises du Cameroun (Ecam). Pendant que les parties discutent autour du type de fusion qui doit s’opérer au Gicam, des entrepreneurs camerounais réunis au sein "The Okwelian" ont pris l’initiative de débattre sur la refondation du patronat camerounais. Pour ces entrepreneurs au cœur de l’économie camerounaise, il est désormais urgent d’avoir un patronat plus inclusif, décentralisé, plus compétent, avec une meilleure collaboration avec le secteur privé.
À cet effet, ils ont lancé un plaidoyer à travers un cycle d’ateliers débats sur la refondation du patronat. C’est à effet qu'ils se sont regroupés à Bana dans le HautNkam dans la région de l’Ouest le samedi 24 juin dernier. Prenant la parole au cours de cet 2ème atelier du genre centré sur la thématique "Repenser la représentativité des organisations patronales au cœur de l’économie camerounaise", Dr. Jean-Marie Biada, expert consultant Onudi, a plaidé pour un patronat « tandemisé » qui aurait à sa tête un président préoccupé par les grandes entreprises et un vice-président plus orienté vers les petites et moyennes entreprises (Pme).
Un patronat « tandémisé »
« A mon sens, l’environnement camerounais actuel mériterait un patronat tandémisé. Au niveau de la base, nous avons les Pme. C’est une problématique assez sensible que le Cameroun a dû élaborer la loi du 10 avril 2010 portant promotion des Pme, modifiée et complétée en juillet 2015 pour pouvoir parler de la très petite entreprise, petite entreprise, moyenne entreprise. Ce n’est d’ailleurs pas le cas pour la grande entreprise. Selon cette loi, la définition de la grande entreprise existe déjà. C’est-à-dire si vous faites un chiffre d’affaires annuelles hors taxe supérieure à trois milliards, et que vous avez des effectifs salariés supérieurs à 100, vous êtes une grande entreprise. Mais pour ce qui est de la Pme, il fallait lui apporter un encadrement tout particulier. Si nous parlons de la grande entreprise, elle a déjà sa faîtière : Gicam », at-il précisé, en présence d’experts, d’entrepreneurs et d’universitaires.
Du point de vue de cet expert consultant Onudi, il est urgent de « Repenser la représentativité des organisations patronales au cœur de l’économie camerounaise ». Il trouve que toute idée de fusion doit commencer « sur les cellules entre elles. Des plus petites organisations patronales entre elles et à la fin, on aura ce que j’ai appelé un patronat tandémisé. D’une part, le sommet est représenté par la faîtière des grandes entreprises. Pour ce qui est des Pme, on va trouver également leur faîtière et les deux vont se retrouver dans ce patronat tandémisé.
Ainsi, lorsqu’on va parler désormais du patronat camerounais, on va voir le premier qui sera président pour valablement parler des problèmes de la grande entreprise. Car, elle n’a pas les mêmes préoccupations que la Pme. Cette dernière a parfois des problèmes de salaires, de loyers, d'électricité. Et à côté de lui, on aura un vice-président, représentant la faîtière des Pme, qui pourra porter la voix des Pme à commencer par les très petites entreprises, les petites entreprises, les moyennes entreprises ».
Un patronat décentralisé
Pour Joël Sikam, président de The Okwelians et chef d’entreprise, « des lacunes que nous pouvons résoudre pour améliorer notre économie sont sur plusieurs ordres. D’ailleurs, seul on va vite mais ensemble, on va plus loin. Mon idée depuis la création de mon entreprise au Cameroun est de fédérer les efforts dans le but d’être plus résistant à l’ennemi commun qui peut être les importations, la puissance des autres nations en termes d’industrialisation.
Le Cameroun est aujourd’hui industrialisé à moins de 5%. L’industrie étant la création des valeurs. On voit les industries qui ferment tous les jours au détriment des importations. Je milite aujourd’hui pour la refondation. Faisant effet de masse, nous pouvons plus influencer les décisions des pouvoirs publics pour défendre notre économie et notre écosystème. Nous sommes venus à Bana parler de la refonte du patronat. Moi, j’ai retenu deux choses : la jeune et les Pme. Dans la salle, on parlait tout seulement des plus faibles. Les Pme constituent 88% de l’économie. On parle ici de celle formelle mais on sait qu’au Cameroun, l’informel est au-dessus du formel.
Si on exponentialise, c’est plus de 88%. On peut mutualiser les voix pour qu’on se retrouve ensemble dans une masse commune. C’est ce qu’on appelle ''influencé par le bas" ». Apolline Keou, cheffe d’entreprise pense qu'il est important de voir « comment les apports de toutes les organisations patronales peuvent être mutualisés pour davantage créer de l’impact sur le plan économique et surtout influencer les politiques publics dans l’optique de créer une économie forte pour pouvoir compétir de manière efficace face aux économies concurrentes… Au niveau de l’action territoriale, nous voulons qu’une entreprise créée à Ngaoundéré ne soit pas oubliée de venir s’enregistrer à Douala ». Nous sommes à Bana en compagnie d’experts, d’entrepreneurs et d’universitaires pour repenser la représentativité des organisations patronales au cœur de l’économie camerounaise.