Infos Business of Wednesday, 17 August 2016

Source: camer.be

Un réseau de détournements de fonds découvert au PAD

Port Autonome de Douala Port Autonome de Douala

Son cerveau présumé, en dépit de preuves accablantes de marchés fictifs et de surfacturation, nie toute forfaiture.

«Je ne me reconnais pas dans ce genre de pratiques. Je suis profondément patriote et travaille pour le bien du Cameroun. Ces accusations sont totalement infondées. J’ai hérité d’un service sinistré, je m’emploie au quotidien à l’assainir mais suis victime de détracteurs.» Telle est la ligne de défense du chef de département des engins motorisés et parc divers du Port autonome de Douala (Pad). Les faits portés contre Remy Henri Eloundou  sont pourtant d’une extrême gravité.

En poste depuis un an, il est en effet reproché à cet ingénieur de conception du génie mécanique la mise sur pied d’un vaste réseau de détournement de fonds sur la place portuaire, à travers des bons d’achats fictifs. L’homme, sur la base de documents manuscrits dont votre journal a pu obtenir copie, portant cachets nominatif et de l’entreprise publique, commence par créer un état de besoins. Ceux-ci tournent autour de matériels divers, la liste confectionnée par m. Eloundou  étant alors appelée à être transformée en factures pro-format par de présumés fournisseurs, contactés par des démarcheurs triés sur le volet. Ici, c’est le règne de la surfacturation.

Les premiers cités, pour décrocher un marché à concurrence de 4,9 millions de francs, doivent s’acquitter d’une somme de 500.000 francs. Il convient de noter que le commanditaire, dans sa tâche, établit pour chaque «état de besoins» au moins trois propositions de prix pour chaque matériel supposé faire l’objet d’une commande, que les fameux fournisseurs doivent ensuite reporter sur leurs papiers en-tête. Il s’agit alors de faire jouer la «concurrence» et justifier le choix final d’un mieux-disant.

«La plupart du temps, nous commandons du matériel qui  ne se retrouve pas sur le marché courant, et cela nécessite une certaine souplesse dans la négociation des prix», explique platement Remy Henri Eloundou  pour justifier l’absence d’une mercuriale au niveau de son service, qui détient l’un des plus gros portefeuilles de marchés du Pad.

Pilotine

Le reste de la procédure, qui consiste au déblocage des fonds par ledit Pad, est lui aussi étroitement suivi par m. Eloundou  auprès de l’administration financière. Mais l’argent ainsi récolté, qui se chiffre aujourd’hui à des dizaines de millions de francs, est rarement redistribué dans le circuit mafieux. Et les conflits entre «ses» prestataires et lui-même n’ont pas tardé à se faire jour, ces opérateurs d’un autre genre menaçant désormais de le traîner devant les tribunaux pour escroquerie et abus de confiance.

Les langues se déliant, et dans le même ordre d’idées, quelques indiscrétions signalent revente, à des tiers et par le même, de pièces détachées de diverses natures qui finissent par ses retrouver dans les livraisons au Pad. Autres accusation que Remy Henri Eloundou  balaie du revers de la main, les mettant sur le compte de gens qui, ayant perdu certaines positions illicites ou voyant ces pratiques dolosives désormais réduites à leur simple expression grâce à sa vigilance, ont choisi le dénigrement pour obtenir sa tête.

Un malheur ne venant jamais seul, le chef de département des engins motorisés et parc divers du Pad se retrouve aussi au cœur d’une autre controverse, concernant cette fois l’acquisition par le Pad d’une embarcation rapide inaugurée le jeudi 19 mai dernier.