Les assises prévues du 21 au 22 juin serviront de cadre à la promotion d’une utilisation responsable des réseaux sociaux. Elles sont organisées sous le parrainage du Minpostel.
Le réseau Zetem Co organise une conférence nationale pour la promotion des bonnes pratiques sur les réseaux sociaux. Les travaux organisés sous le parrainage du ministre des Postes et Télécommunications se tiendront au Palais des Congrès de Yaoundé du 21 au 22 juin 2017.
Bloggeurs, influenceurs web, journalistes, enseignants, artistes et autres chercheurs sont attendus à cette Conférence qui vise la création d’un cadre pour assurer la norme citoyenne dans l’utilisation des réseaux sociaux. Objectif : réduire et maitriser les risques de manipulation, les atteintes aux bonnes mœurs sur la toile.
Le Cameroun est, depuis plusieurs mois, engagé dans la lutte contre les dérives sur les réseaux sociaux. La Minpostel, Minette Libom Li Likeng, a récemment amorcé une large campagne de mise en garde contre le phénomène. Dans un court message envoyé aux utilisateurs de téléphonie mobile, elle indiquait que «l’émission et la propagation de fausses nouvelles, notamment par les réseaux sociaux, sont réprimés par le Code pénal et la loi.»
En novembre déjà, son département ministériel annonçait le renforcement du cadre législatif et réglementaire national dans le but de protéger davantage les droits des utilisateurs camerounais du secteur du numérique. Un projet de loi relatif à l’utilisation des données numériques des consommateurs est en prépartion.
A la suite de la ministre, le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, a appelé à la responsabilité des internautes pour éviter «nouvelle forme de terrorisme». «Originellement considérés comme un outil de communication et une plateforme de partage en ligne, voilà que les réseaux sociaux sont devenus une arme vouée à la désinformation.
Pis encore à l’intoxication et à la manipulation des consciences, semant ainsi la psychose au sein de l’opinion. Un phénomène social désormais aussi dangereux qu’un missile lâché dans la nature. Il est d’autant plus dangereux que ce déferlement d’informations erronées est l’oeuvre d’amateurs, malheureusement de plus en plus nombreux, qui évoluent aux antipodes de toute éthique et de toute déontologie. Pour tout dire, les réseaux sociaux sont devenus aujourd’hui au Cameroun de véritables fléaux sociaux», avait-il martelé.
Quelques tragédies ont été des catalyseurs de la guerre que mène le gouvernement contre l’usage abusif des réseaux sociaux. La première est le déraillement du train inter-cité de la Camrail à Eseka le 21 octobre dernier. Ce jour-là, des images dites du drame ont commencé à circuler sur la toile en début d’après-midi, révélant des cadavres, des blessés, des wagons tombés dans les marécages et de nombreuses victimes empilées dans des moyens de transport de fortune. Jusqu’en début de soirée aucune communication officielle n’avait pu confirmer ou démentir l’information qui avait, en quelques heures, fait le tour du triangle national et même atteint d’autres contrées. Le 21 octobre, sur la radio publique, le ministre des Transports, Edgard Alain Mebe Ngo’o est intervenu pour dénoncer des actes de désinformation. Selon lui, les images qui avaient été diffusées – prises pour la plupart par des rescapés du train – étaient celles d’un accident de train survenu des années plus tôt. Néanmoins il confirmait la survenue d’un déraillement de train proximité de la gare d’Eseka.
Quelques semaines après, des images d’une manifestation des avocats anglophones des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest violemment réprimée par les forces de l’ordre ont créé la polémique sur les réseaux sociaux. Les scènes dévoilées, renforcées par l’horreur des sévices infligés aux étudiants dans la ville de Buea avaient suscité des mouvements d’humeur chez les enseignants anglophones qui avaient également regagné les rues dans lesdites régions. A leur tour, des mouvements sécessionnistes et celles en faveur d’un retour au fédéralisme récupérèrent la contestation et appelèrent plus de trois fois à des villes mortes. Les appels furent lancés via les réseaux sociaux.
Ce dernier évènement a acheva de lancer les hostilités entre le gouvernement et les utilisateurs véreux des réseaux sociaux. La réaction du gouvernement ne s’est pas fait attendre. L’accès à Internet a été suspendu pendant plus de deux mois dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Le 20 avril 2017, instruction fut donnée au Minpostel de rétablir la connexion dans ces deux régions. Toutefois, le gouvernement se donne le droit de «prendre en tant que de besoin des mesures appropriées pour éviter qu’Internet ne soit locomotiser pour susciter la haine et la discorde entre les Camerounais ou pour créer des troubles à l’ordre public».