La remise aux programmes scolaires des classiques camerounais ne fait pas les bonnes affaires de la librairie du Poteau, spécialisée dans le commerce des livres de seconde main.
Carrefour Mvog-Mbi, montée Zoé, Poste centrale de Yaoundé, voilà quelques espaces sanctuaires de la vente des manuels scolaires de seconde main dans la ville de Yaoundé. En ces lieux-là, les vendeurs n'ont pas bonne mine. Pourtant, le retour des classiques littéraires dans les programmes scolaires devraient leur être bénéfique. Bon nombre d'entre eux les avaient en stocks, il y a peu de temps. C'est le cas de Zambo. Il y a 9 mois, ce libraire du Poteau a fait un don de 200 livres, parmi lesquels «Les Bimanes» de Séverin Cécile Abega, «Trois prétendants un mari» de Guillaume Oyono Mbia, «Ville cruelle» de Mongo Beti et «Le vieux nègre et la médaille» de Ferdinand Oyono. A ceux-là, s'ajoutent «Balafon» d'Engelbert Mveng. Aujourd'hui, il regrette sa donation. «Je suis obligé de jouer les démarcheurs pour des librairies, alors que j'avais ces livres à ma disposition il y a quelques mois. Mais, ils ont moisi faute d'entretien. Les souris et les cafards s'en sont aussi gavés», regrette-t-il. Olinga, libraire du Poteau au quartier Mvog-Mbi (Yaoundé 4), préfère ne pas en parler. C'est une bonne leçon de la vie. «Il ne faut jamais négliger un document. Des livres qu'on ne considérait plus, reviennent au-devant de la scène. Si j'achetais les vieux manuels, même à 200 FCFA, comme on me le proposait, je les vendrais aujourd'hui au moins à 1500 FCFA», indique le revendeur de livres de seconde main. Il faut se rendre chez «Laurent Blanc» à Mvog-Mbi pour trouver les classiques. «J'ai un stock important. Mais je suis obligé d'avoir des livres neufs pour avoir une grande fourchette. Je vends par exemple «Le vieux nègre et la médaille à 2000 FCFA, plutôt que 2500 FCFA. Mais, je ne peux satisfaire toutes les couches sociales camerounaises», lance le vieux libraire. Au même moment, «L. Blanc» nous montre un important stock de livres dans ses vieilles cantines. «J'achetais ces livres au prix de rien auprès des vendeurs». A l’en croire, certaines grandes librairies de la place lui ont fait don de ces vieux bouquins. Avec la réintroduction de ces classiques de la littérature camerounaise aux programmes scolaires, ses donateurs reviennent s'approvisionner. «Aujourd'hui, ces librairies me contactent de nouveau pour que je leur fournisse des livres», révèle-til. Le sexagénaire est content de son investissement.