Selon des administrateurs de la structure, la préparation du plan de restructuration serait à l’origine de la décision gouvernementale de repousser Sine die la session ordinaire de la Sodecoton.
La session ordinaire de la Société de développement du coton (Sodecoton) du Cameroun, initialement prévue mercredi prochain à Yaoundé, la capitale du pays, a été renvoyée sine die selon des administrateurs ayant requis l’anonymat.
A en croire les mêmes sources, la décision de ce report serait venue de la présidence de la République qui, dans le même temps, préparerait un plan de restructuration de cette entreprise en difficulté dont l’Etat détient 59% du capital.
La session projetée, apprend-on, était destinée à la clôture des comptes avant la tenue d’une assemblée générale en charge de leur validation.
Voici un mois le président-directeur général du groupe français Geocoton (30% du capital de la Sodecoton), Yannick Morillon s’était, dans une correspondance au président du conseil d’administration, Jean Abate Edi’i, ému de la perte de 18,8 milliards FCFA subie par l’entreprise en 2015.
«L’ampleur de cette perte, qui amène les capitaux propres largement sous le seuil des 50% du capital, met en jeu la survie de la société à très brève échéance et nous amène à une profonde remise en question du management de la société», peut-on lire dans cette missive dont APA a obtenu copie.
Pour lui, la direction de la Sodecoton est dans l’incapacité de mettre en place des mesures correctives susceptibles de redresser la situation, puisqu’on assiste au contraire à une dégradation continue des résultats.
Et de militer pour la convocation d’une session extraordinaire du conseil d’administration, qui aurait pour ordre du jour l’examen de la gestion de la société ainsi que «l’évaluation de la capacité de la direction de l’entreprise à assumer pleinement ses responsabilités».
Autant dire qu’avec l’ajournement de son conseil d’administration ordinaire, et face à l’inconnue quant à la convocation d’une session extraordinaire, l’avenir s’annonce difficile pour la Sodecoton, particulièrement vis-à-vis de ses partenaires financiers que sont les banques et autres partenaires au développement.
Selon des données récentes en effet, ses pertes culminent actuellement à 18 milliards FCFA pour un capital de 23 milliards FCFA, et alors que l’entreprise est en butte à de sérieux problèmes en termes notamment de logistique d’exploitation.
En février dernier, la Sodecoton a dû recourir pour la 6ème année consécutive à un prêt syndiqué d’un montant de 30 milliards FCFA contracté auprès d’un pool de 5 banques locales pour des besoins de l’ordre de 75 milliards FCFA, devant lui permettre de couvrir la campagne 2015-2016.
Ledit prêt, éventuellement extensible à 40 milliards FCFA, obligeait désormais l’entreprise à déployer d’autres stratégies en vue de satisfaire ses engagements vis-à-vis non seulement des quelque 225.000 producteurs, mais aussi des fournisseurs d’intrants et autres transporteurs.
Lâchée par ses bailleurs de fonds traditionnels, elle a en effet recours, depuis 2010, à d’autres formes de financement pour faire face aux tensions de trésorerie généralement imputées aux retards d’exportation de ses cargaisons de fibre blanche.
En début d’année dernière, la Sodecoton avait déjà obtenu 36,5 milliards FCFA auprès du même pool d’établissements financiers locaux, en s’appuyant sur les contrats d’exportation passés avec des négociants sur le marché international.
En dehors de la fluctuation des cours mondiaux la société, cette société, créée en 1974 et qui exporte 80% de sa production, est également en butte au phénomène de ventes frauduleuses du coton fibre au Nigeria voisin, par des producteurs ayant pourtant bénéficié d’appuis financiers.