En juillet 2015, ce diplômé de l'Ecole de guerre économique de Paris s’est lancé pour défi de devenir, avec Drone Africa, le premier entrepreneur à fabriquer des drones dans son pays.
William Elong est un jeune homme pressé. En obtenant son MBA de l’Ecole de guerre économique de Paris à 20 ans en 2012, il était devenu le plus jeune diplômé de l’école.
En juillet 2015, ce jeune Camerounais, bachelier à 15 ans, s’est lancé pour défi de devenir, avec Drone Africa, le premier entrepreneur à fabriquer des drones dans son pays.
Une levée de fonds de 300 000 dollars (268 000 euros) a été lancée en octobre 2015 avec pour objectif de pouvoir produire localement des drones de type quadricoptère – des véhicules aériens sans pilotes à quatre hélices – pouvant voler à une altitude de 500 m avec une autonomie de vingt à vingt-cinq minutes et disposant d’une caméra haute définition. Tout ça pour moins de 1 000 euros, promet William Elong.
«Nos produits seront moins chers que ceux actuellement disponibles car les clients n’auront pas à payer le transport, les douanes, la logistique... qu’ils paient habituellement quand ils achètent un drone fabriqué en France, par exemple», résume le jeune homme de 23 ans en amont de sa présentation, le 24 mars, au Hacking de l’Hôtel de Ville, un événement organisé par la Mairie de Paris et auquel il était invité, avec deux autres entreprises africaines, par l’association AfricaFrance.
«En plus, on va créer des emplois et pouvoir exporter dans la sous-région, car la demande est forte», juge l’entrepreneur camerounais, même s’il n’est pas le premier à se lancer sur le marché au niveau du continent : d’autres entreprises existent déjà en Afrique du Sud, en Egypte et en Afrique de l’Est.
Ces drones font des prises de vue utilisées dans les secteurs de la cartographie et du tourisme, mais William Elong est persuadé qu’ils pourraient également avoir un intérêt pour les exploitants agricoles, afin «d’améliorer la sécurité de leurs parcelles.
On peut programmer des drones pour qu’ils survolent une exploitation toutes les heures. Ils font des prises de vue qui permettent de surveiller les tentatives de vol ou d’incendies criminels qui sont fréquentes au Cameroun, et même les gens qui font pousser de la drogue au milieu des champs.»
Un intérêt sécuritaire qu’il dit avoir découvert à travers ses précédents emplois: Thales, puis Nexter, fabricant, entre autres, de chars et de véhicules de transports de troupes. Il n’en a pas moins oublié sa fibre entrepreneuriale. En effet s’il ne construit pas encore ses propres drones, William Elong a déjà lancé son activité avec quatre salariés et une dizaine de véhicules aériens.
Il facture 1 000 dollars l’heure de vol de drone (600 000 francs CFA), loin du million de francs CFA nécessaire (au minimum) pour une heure d’avion ou d’hélicoptère. Il a déjà été contacté par des entreprises d’autres pays de la sous-région, dont le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire.
L’engouement pour les drones est croissant en Afrique, suscitant même l’espoir chez les ONG. Un projet pilote, collaboration entre l’Unicef et le ministère de la santé du Malawi, a ainsi été lancé, la semaine dernière : un drone transporte des tests de dépistage du sida entre un hôpital et un dispensaire situé dans une zone rurale difficile d’accès.