Les commerçants ont de nouveau augmenté le prix de l’une des tubercules les plus consommés au Cameroun. La raison : les changements climatiques et la hausse des coûts de transport.
Marché Mokolo de Yaoundé. 7h30 minutes. Pourtant, ça grouille déjà du monde malgré le froid imposant qui sillonne dans l’air. Clients et vendeurs ambulants se faufilent dans les embouteillages pour se frayer un chemin, entre les automobilistes et les pousse-pousse. C’est le cas de Rosine Ndengue, quinquagénaire rencontrée sur les lieux. Vêtue d’un « kaba ngondo », la main tenant un sac de course vide, elle revient de « Ya-fé », un secteur du marché très connu comme le lieu par excellence de la vente des tubercules, dont le manioc. « Le manioc ! C’est l’or maintenant. Je sors comme ça de Ya-fé. Les prix sont absurdes », admet-elle, abasourdie. Avant d’ajouter que, « les tas de quelques maniocs sont désormais de 500 et 1000 FCFA en fonction de la quantité. C’est une utopie de voir encore ceux de 300 FCFA comme avant ». Même scenario chez les «grossistes » en ce qui concerne l’augmentation des prix.
Pour s’approprier un sac de 50 kg, il faut débourser la somme de 6 000 FCFA contre 4000 à 5000 FCFA jadis. « Nous avons seulement un bénéfice de 1000 FCFA par sac. Car, chez les producteurs, au prix d’achat, ils nous vendent un sac à 5000 FCFA », lâche Thérèse Ngie, affalée dernière son comptoir couvert d’une dizaine de sacs de manioc. Le sac de 100 kg, naguère à 7 500 FCFA, est actuellement cédé à 12 500 FCFA. Les commerçants signalent à l’unanimité que la cause de cette situation est due à l’instabilité du climat et à l’augmentation des couts de transport. « Il a excessivement pluie.
Les semences ont souvent été balayées par les fortes pluies. Ce qui a retardé les récoltes. C’est le cas dans le Nyong-et-Kéllé où de fortes pluies se sont abattues dans nos champs, causant plusieurs dégâts », cite Martin, un grossiste. Dans la même veine, le commerçant fait également savoir que l’impraticabilité des routes en saison pluvieuse a rendu difficile l’écoulement des stocks de ses tubercules.
Dérivés du manioc
Les « bâtons de manioc », le tapioca, la farine de manioc, sont autant de produits dérivés du manioc que l’on retrouve au marché Mokolo. Les prix de tous ces produits ont naturellement grimpé. La ménagère voulant s’approvisionner de « bâtons de manioc » doit débourser la somme 125 FCFA au lieu de 100 FCFA ou 75 FCFA autrefois, soit une augmentation d’environ 25%.
« Ceux de 50 FCFA n’existent plus sur le marché », lance une détaillante. La farine de manioc dans un récipient de 5 litres coûte 1300 FCFA contre 1000 FCFA précédemment. Pour rappel, le manioc consommé par 80 % de la population, est la deuxième culture vivrière du Cameroun juste après le maïs et constitue un des aliments de base des populations avec plus 40 différentes recettes culinaires et utilisations diverses. Selon les statistiques de la FAO, le Cameroun a produit 19 millions de tonnes de manioc en 2014.
Insatisfaisante pour une demande estimée à 50 millions de tonnes, soit un déficit de production de 31 millions de tonnes de manioc par an.